mardi 19 avril 2016


"Il y deux façons de mener les hommes. On peut être craint par eux. On peut s'en faire aimer. Il existe une troisième alternative : être tout à la fois craint et aimé..."

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Bien le bonjour les aminches. 
Le paysage audiovisuel se démultiplie. Les acteurs traditionnels, médias omnipotents, doivent concéder des miettes du gâteau. Aujourd'hui les miettes, demain le pain, après demain la foutue boulangerie ?

Ainsi des chaînes locales, câblées, s'installent dans le décors : Hulu et 22.11.1963, relecture Kingienne époustouflante du meurtre de Kennedy, adaptée avec réussite sur le petit écran. 

La chaîne Starz démontre elle aussi un bel appétit, avec sa série phare : 


le prequel de L'ÎLE AU TRÉSOR, aperçu saisissant, vivifiant de la Piraterie, mixant avec bonheur les personnages réels (Charles Vane, John Rackam, Anne Bony...) et leurs avatars de papier (Flint, John Silver).

Dois je rappeler que BLACK SAILS constitue un petit miracle. Quand on sait que l'un des Executive Producer, l'un de ceux qui décident du déroulé et du contenu de la série, n'est autre que Michael Bay.


Le mec qui a commis les Transformers. Le gars qui, pour allumer son barbecue, balance une roquette dans un camion citerne, qui repousse les frontières connues de la testostérone sévèrement burnée.

Que BLACK SAILS ait pu conserver cet équilibre de tension narrative imbriquée dans un scénario dense et ambitieux me fait dire que Mike devait être pas mal pris par ailleurs.

Qu'il continue...

C'est peu dire que j'ai kiffé sérieusement les deux premières saisons de BLACK SAILS. Une première qui installait souplement les personnages, une deuxième, plus ample, qui confirmait ses prémices séduisants et proposait un final furieux époustouflant.

Cette saison 3 se trouvait donc devant un sacré défi. Rebondir ? Aller encore plus haut, plus loin ?

Et bien ce troisième chapitre s'apparente plus à une transition, parfois un peu sage et bizarrement figée, avant une saison 4 que l'on espère explosive.

Tous nos héros sont bien là, mais un peu confits chacun dans leur partition.


Flint, aveuglé de haine, se lance dans une guerre perdue d'avance et défie l'Angleterre. Toby Stephens, un peu raide, rend néanmoins bien la rigueur du personnage, sa noirceur, son implacabilité et sa ruse. 

Charles Vane, son pirate allié, autrefois ennemi et maintenant poto de drapeau noir, est interprété, tout muscle saillants par Zach Mc Gowan.


Pas grand chose à défendre en fait, ce personnage est un brin sacrifié. 

Tout comme une partie du casting féminin.


Hors une plastique affriolante, ces personnages ont une réelle épaisseur, surtout Éléonore Guthrie, déchirée entre son nouvel amour et son passé, jouée par la frémissante Hanna New. 

En revanche, Anne Bony et la magnifique (argh) Max n'évoluent guère et sont plus mécanique (surtout Anne, autre sacrifiée de la saison avec bien peu de scènes à défendre).

Le gros ajout du cast est Barbe Noire : 


Incarné par Ray Stevenson (le Pullo de ROME), acteur solide mais qui se retrouve un peu réduit aux utilités. Son rôle devrait cependant grandir au fil des saisons.

Bon.

Le plus intéressant est bien la descente en ses propres enfers de John Silver.


Campé fort justement par Luke Arnold qui passe du primesautier charmeur, escroc dilettante, au meneur d'homme, futur Flibustier ultime. 

Il dégage un charisme indéniable et son basculement est très bien amené. Il s'Anakine en douceur, il se Vadorise fort logiquement et ne sombre pas en une cruauté sanglante en un quart de scène (hello Georges Lucas). Il peut le regretter mais il ne peut s'empêcher de savourer le pouvoir qu'il exerce sur les hommes, mélange de brutalité, d'intelligence manœuvrière et de réelle empathie. 

Sa conflagration inévitable avec Flint promet du dantesque et du spectaculaire. Et bien qu'on en connaisse la chute, BLACK SAILS ménage un réel suspense.

Cette saison 3 nous montre donc l'avènement d'une légende, un homme dont la réputation grandit au fur et à mesure que son corps s'allège d'un de ses membres. 

Alors oui, le scénario patine un brin, c'est vrai. La fin d'un personnage emblématique est un poil foirée ok. 

Mais on assiste à l'accouchement douloureux d'un vrai beau personnage de série, fascinant et magnétique. 

Rien que pour ça...


Pirates !

Malgré tout !

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