mardi 5 avril 2016


« L’une des révélations les plus électrisantes dans la vie de lecteur, c’est de découvrir qu’on est un lecteur – pas seulement capable de lire, mais amoureux de la lecture. Éperdument. Raide dingue. Le premier livre qui donne cette impression ne s’oublie jamais et chacune de ses pages semble apporter une nouvelle révélation, une révélation qui brûle et qui enivre : Oui ! C’est ça ! Oui ! Je l’avais vu aussi ! Et bien sûr : C’est exactement ce que je pense ! C’est ce que je RESSENS ! »

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Bonjour les aminches.
Le petit paragraphe d'introduction éclaire la pensée qui saisit le jeune Peter Saubers quand il met la main sur les carnets inédits du grand écrivain Joe Rothstein. 

Qui est Peter Saubers ? Qui est Joe Rothstein ?

En prenant sa retraite, John Rothstein a plongé dans le désespoir les millions de lecteurs des aventures de Jimmy Gold. 

Rendu fou de rage par la disparition de son héros favori, Morris Bellamy assassine le vieil écrivain pour s’emparer de sa fortune, mais surtout, de ses précieux carnets de notes. 

Le bonheur dans le crime ? C’est compter sans les mauvais tours du destin… et la perspicacité du détective Bill Hodges.

Joe Rothstein est le reflet dans le miroir de Stephen King. Un écrivain de fiction qui s'arrête de publier. Après une trilogie qui le classe parmi les géants de la littérature.


King lui publie un livre tous les ans, voire plus. Lui qui est considéré avec un brin de condescendance par les tenants du Grand Roman Américain.

Joe Rothstein donc à la manière d'un Salinger qui s'ermita loin des fastes, mais que découvrit-on à la mort de Salinger ? Des écrits, des manuscrits, des feuillets. Parce que ne pas être publié n'empêche pas d'écrire. 

Et ça, le bad boy du livre de King le sait. Il veut la suite des aventures de Jimmy Gold, le héros emblématique de Joe Rothstein. Certains seraient peut-être prêts à tuer pour lire Holden Caulfield 20 ans plus tard. 

A quoi bon ? 

Je me tâte de mon côté pour découvrir la vieillesse d'Atticus Finch, héros emblématique de mon livre de chevet.

Mais Morris Bellamy est prêt à tuer pour beaucoup moins que ça.

CARNETS NOIRS est la suite de MR MERCEDES, excellent thriller avec un méchant d'anthologie. CARNETS NOIRS est dans la même veine avec son flic retraité, son duos d'adjoints touchants et le phrasé si particulier de King, populaire et précis.

CARNETS NOIRS est cependant moins bon que MR MERCEDES, moins haletant. D'une construction étonnante, le livre prends tout son temps pour installer le décors et ses protagonistes, Bill Hodges, n’apparaît ainsi qu'à la bonne moitié du bouquin. 

Cette installation du climat, la description empathique des héros, cette façon bien à King de rendre immédiatement attachant ou repoussant ses avatars de papier, est la plus réussie. 

Une fois campé le décors, le tempo s'accélère pour clore en quelques heures. Le dénouement grinçant donne malgré tout une sensation étrange de va vite. 

Et l'on se dit que King vieillit, devient sentimental et épargne les innocents. L'était pas aussi miséricordieux dans SALEM. Ce n'est pas si désagréable tout compte fait.

CARNETS NOIRS reste un thriller de bonne facture et King arrive à nous passionner alors qu'il n'y a ni enquête, ni révélation tourne sloub. Il s'apparente plus à un entre deux, le tueur abject et immonde de MR MERCEDES n'en a pas fini avec Bill Hodges et la lutte finale promet d'être dantesque. 

Et sous la patine du polar millimétré se devine un hommage sincère au pouvoir de la la littérature et à la nécessité de la plume.

Ce besoin compulsif d’écrire, de raconter une histoire qui caractérise un écrivain. Mettre ces histoires en encre reliée est un méga bonus certes (qui souligne, trop souvent, une conjonction chanceuse ou les relations qu'il convient)  mais ne définit pas en tant que tel l'écrivain. 

En conclusion CARNETS NOIRS est un petit King dans la bibliographie touffue  de Sa Majesté mais la modestie n'a jamais entravé le kif !

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