dimanche 6 mars 2016


- Allez zou ! Moi j'file à la compta, toucher mon chèque et mon bonus !

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Bien le bonjour les aminches.
La chaîne Fox, en quête éperdue d'un hit, d'un make money de première bourre, décidait , il y peu, de secouer la poussière, enlever les draps et remettre le couvert.


La vaisselle est chatoyante, les convives plutôt perplexes certes mais finalement enclins à l'indulgence, en attendant les plats. 

Alors X FILES, menu gastronomique ou gastro atomique (pardon...) ?


David Duchovny (un peu) et Gillian Anderson (beaucoup) ayant baguenaudé dans d'autres séries et conquis des galons d'acteurs intéressants, moins creux que leur composition lisse X Filienne ne le laissait présager, ont replongé.

Il est vrai que X FILES avait fini en eau de bouzin, totalement en couille velue. Duchovny se barrant à la saison 6 ou 7, les dernières saisons laissèrent une empreinte dans nos mémoires inversement proportionnelle à celle carbonée d'un forum économique quelconque des grands de ce monde.

C'était donc, à priori, une idée légitime, une ou deux saisons supplémentaires pour claquer une fin digne et carrée à un phénomène sériel d'une ampleur inédite. On doit fournir un effort (surtout à la vue de ces derniers 6 épisodes) pour se le rappeler mais X FILES fut un tsunami planétaire, des audiences de mammouth mutant, le mâle alpha dans une meute de louveteaux castrés. 

A priori, des acteurs bonifiés, un acting in progress maousse, allaient apporter un supplément d’âme à une série ultra codifiée. 

A priori, X FILES allait pouvoir surfer sur un air du temps conspirationniste légèrement nauséabond pour nous dire quelque chose de notre époque...

Et puis...

Le générique reste inchangé.

Les critiques que j'ai lues, ça et là, saluèrent ce conservatisme. J'y vois surtout un symptôme. X FILES semble figée, prise dans la glace des années 90-2000. 

Les héros ont vieilli. 

Le problème est que nous aussi. 


Balises spoilers les filles. Ce qui suit dévoile sommairement des moments clés de l'intrigue et pourrait déflorer un (hypothétique) plaisir futur.

Bien.

Cette saison 10, cela dit, a tout de même un atout de taille : sa durée. Seulement 6 épisodes. X FILES 2016, c'est comme une rage de dent, moins c'est long plus c'est bon.

Les autres bonus de cette saisons ne se laissent pas aisément apercevoir. 

Tout d'abord le ton de la série pose problème. 

Le pilote et le final reposent clairement sur la mythologie X FILES : n'aliens infiltrant les gouvernements, planifiant l'invasion qui vient, qui arrive (depuis quelque temps déjà, l'hiver sera passé plusieurs fois sur Westeros), elle se profile l'extinction finale. 

Les autres épisodes se détachent plus ou moins clairement de cette trame. Le second épisode est peut-être le meilleur des 6, ce qui laisse un poil rêveur sur la qualité de cette dernière fournée. 

Le troisième se veut dans l'auto dérision parodique à laquelle Chris carter cédait de plus en plus systématiquement dans les dernières saisons du X FILES vintage, accaparé qu'il était pas d'autres projets (foireux pour la plupart).

[ Je paffe là une parenthèse mais Chris Carter commit un pilote (recalé) pour Amazon : THE AFTER ; une bouse de première catégorie, à faire passer ce X FILES 10 pour un sommet de perfection formelle et scénaristique

Le fameux épisode du lézard garou, rigolo à force de pathétique, son kitsch (assumé ? Telle est la question), ses coutures apparentes sur le costume en latex.

Le quatrième, hésite entre cet humour un peu lourd et une émotion dégoulinante, entrecoupé ça et là de plans étonnamment gores (à tel point que M6 floute et tronçonne à la hussarde).

Le cinquième se perd dans un préchi précha lourdingue sur "il faut s'aimer malgré nos différences et Dieu est amour".

Nos deux protagonistes se partagent distinctement les taches : à Mulder l'auto dérision, à Scully l'émotion. Le duo tourne un brin à vide, cela fonctionne par intermittence sur nos souvenirs, le métier (malgré tout) des acteurs et ma propension à trouver Gillian Anderson fascinante alors qu'elle perd énormément de la froideur soyeuse et flippante de ses autres compositions dans la peau de Dana Scully.

Chris Carter tente bien d'apporter un coup de jeune en nous refilant en douce dur le Mulder / Scully version 2.0 : 

  
Lauren Ambrose, ancienne de SIX FEET UNDER (beaucoup lui sera pardonnée !) s'en sort, disons, sans trop de casse. Le jeune Brummel (Robbie Armell, ancien de nulle part..?) s’apparente plus à une erreur de casting. 

X FILES se conclut sur une fausse bonne idée (une de plus), la conspiration apparaît au grand jour, finito les assemblées secrètes et le complot derrière le complot du complot. 

Mouais...

Cela signe surtout la fin de cet angle parano adolescent de Mulder et le scepticisme scientifique de Scully (de plus en plus dur à tenir il est vrai, elle ne peut pas s'évanouir à chaque révélation ultime) est mort ,enterré et carbonisé. 

X FILES rentre dans le rang.

Parmi les derniers.


Dommage. 

J'y croyais pourtant. Je ne demandais qu'à raviver la flamme nostalgique de mes jeunes années.

Ça ne marche pas toujours le coup de Proust et sa madeleine.

Il arrive que la Madeleine fasse prout... ('Tin..! Je suis sincèrement navré!)

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