mardi 7 février 2017


Lorsque l'acteur américain William Gillette demanda à l'auteur s'il pouvait introduire une histoire d'amour dans la pièce consacrée à Sherlock Holmes, Sir Arthur Conan Doyle se hâta de lui télégraphier : "Mariez-le, assassinez-le, faites de lui ce que vous voudrez."

***

Bien le bonjour les aminches.

L'autre jour, furetant dans une librairie bien touffue, je suis tombé sur l'intégrale de James Morrow qui imagine le suicide de Dieu, son cadavre de plusieurs kilomètres flottant au large de la Guinée. Le Vatican décide alors, dans le plus grand secret, de remorquer le divin cadavre en Arctique où un iceberg lui servira de tombeau.

Génial !

Et de m'interroger. L'a une nouvelle identité James Morrow ? Il se fait appeler Jean Pierre dans un village de la Creuse ? Car, pour certains, de plus en plus nombreux, faut pas toucher au Sacré.

Illustrons mon propos avec une icône moins sujette aux embrasements fondamentalistes, quoique...

A la veille de sa mort, le docteur Watson se sent le devoir de coucher sur le papier la dernière aventure de Sherlock Holmes. 

"J'espérais parvenir, en empruntant ne serait-ce que son style à Arthur Conan Doyle, à rendre mon récit un peu plus convaincant. 

Mais je n'en suis même pas capable", avoue le vieil homme, qui ajoute : " je suis médecin et soldat; je dois me contenter de rédiger un rapport." Un rapport qui ne sera pas imprimé avant 1972. "Quel genre d'hommes peuplera la terre à cette date fabuleuse ?" se demande Watson. 

"A cette époque-là, personne, peut-être, n'aura même entendu parler de Jack l'éventreur, ni de Sherlock Holmes..."

Bien.

Pour commencer, j'ai bien envie de vous balancer : 


Quel rapport ? me direz-vous ? Que vient foutre le Superman de Bryan Singer, fort justement oublié, dans le bouzin ?

Et bien si l'on part du principe que Superman personnage fictif, évolue dans notre monde bien réel, où est ce qu'il avait fourré sa cape le 11 septembre 2001 ? Hum ?

Bryan Singer imagine un voyage commémoratif de Superman à Krypton à cette date. Ce qui est complètement con vu que Krypton a implosé et qu'il n'en reste rien mais l'est pas très vif le garçon.

Et notre bon Sherlock ? 

Lui qui a un rapport avec la fiction encore plus tenu, lui que pas mal de monde finalement croit reposer sur des bases historiques avérées , il faisait quoi quand Jack l’éventreur faisait mumuse avec les organes internes de la péripapéticie Whitechapeliène ? Une crapette ?

On peut bien sûr imaginer que Doyle voyait mal lancer son détective de papier aux trousses d'un assassin véridique.

N’empêche, ce manque fut vite comblé par de nombreux pastiches et autres récits apocryphes. 

Celui de Michael Dibbin est de loin le plus radical. Je ne dévoilerai rien mais c'est du velu.

Je ne dirai pas que je n'ai pas aimé, vu que j'ai avalé le bouquin en deux-trois jours. Surtout pour voir si l'auteur tiendrait jusqu'au bout sa radicalité : le fin mot étant dévoilé relativement tôt dans le livre.

Est-ce réussi pour autant ? J'ai déjà confessé mon amour de Holmes mais je ne crains pas de le voir mis au gout du jour, luttant contre des vampires mutants, que sais je...Mais là je trouve qu'il pousse un peu fort le café dans les orties !

Et me marrer en imaginant certaine namiedemoi lisant avec consternation les pages de Dibbin...

Nan.

A tout prendre, la plus belle trahison de Holmes est encore (et toujours) celle ci : 


Quatrième (et dernière ?) saison de la magnifique et frénétique relecture du mythe par Steven Moffat et Mark Gatiss. 

Pas la plus réussie, si je devais me fier aux chroniques, glanées ci et là.

Profitons en pour régler quelques contentieux. 

Mais avant tout : 

Alerte ça va envoyer du spoiler sévère !!!
...

...

Vu l'emploi du temps surchargé des deux acteurs principaux, cette quatrième fournée ne comporte que trois épisodes d'une heure et demi chacun.

Le pilote est le moins abouti, une histoire un peu bancale de taupe planquée au MI6 et un close combat Holmes/gros méchant mais pas que un brin foiré.

Néanmoins, le démontage en règle du site Konbini (dont je suis plutôt friand habituellement), je ne me l'explique pas. Surtout cette vision complètement foireuse d'une Mary Watson qui enverrai bouler ses convictions féministes parce qu'elle clame son amour à Watson. 

Konbini, enfin la chroniqueuse, s'étrangle, raillant une ode à une misérable existence de mère au foyer et tais toi Janine !

Occultant le fait que Mary Watson est mourante quand elle prononce cette phrase. Et quand bien même, nom d'une bite en bois, au nom de quoi la vie de couple serait le reniement d'un féminisme flamboyant. Mary Watson : une pov' Pénélope à l'insu de son plein gré ? Sans déconner ? 

Un niveau incandescent de mauvaise foi ou de connerie, ou les deux.

Mais il est vrai que ce pilote n'est pas une éclatante réussite et on reste sur sa soif. Certes le pingpong verbal et les dialogues brillants. Certes Benedict Cumberbatch toujours aussi à l'aise (presque un peu trop). 

Cependant, l'intrigue peine à nous empoigner totalement. Si l'on compare à aux autres épisodes de SHERLOCK 'videmment. Face à n'importe quel épisode de ELEMENTARY, on est devant un acmé télévisuel. 

Le final est d'une toute autre tenue, avec un trauma familial bien juteux. C'est un poil compliqué chez les Holmes. Mycroft perd de sa superbe et Sherlock a fort à faire face à une Némésis inattendue.

Et entre les deux. 

Un épisode... 

Que dire...

SHERLOCK peut venir réclamer sa couronne rien que sur cet opus avec un méchant savoureux, flippant, extraordinaire...


... A qui Toby Jones prête son talent éblouissant. 

Avec son physique hors norme, sa face de batracien pervers, son phrasé unique, sa présence maléfique de gnome diabolique, il est un cerveau criminel de haute volée. 

Impressionnant.

Par son intensité, son rythme, sa charge émotionnelle et son twist final hallucinant, ce deuxième chapitre se hisse à un niveau stratosphérique et pourrait bien être le meilleur épisode de la série. 


Bien aidé par un Martin Freeman génial en Watson perclus de douleur rentrée. Il est peut-être, plus que Benedict Cumberbatch, le véritable pivot de cette quatrième saison. 

SHERLOCK confirme à nouveau ce paradigme : j'accepte bien volontiers qu'on n'aime pas SHERLOCK mais je ne le comprends pas.



La dernière ?

Les Gars ?

Sérieux ?

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