lundi 7 novembre 2016


Bonjour les aminches.
Des fesses ciselées. Un corps athlétique. La scène est filmée de trop loin pour que l'on puisse distinguer les yeux mais l'on devine le regard appréciateur, l’ambiguïté narcissique un brin malsaine. S'il s'agit d'un yuppie psychopathe échappé d'un bouquin de Bret Easton Ellis pass'encore mais quand c'est le pape...


Lenny Belardo a le regard doux, il est jeune et n'a que peu d'influence en tant que cardinal au sein de l'Eglise. De façon inattendue, il est élu pape par un collège cardinalice qui croit avoir trouvé un pantin manipulable.

Alors de deux choses l'une, soit le Conclave est truffé de truffes, au discernement aussi prononcé qu'un alcoolique cuvant dans un bar miteux du Kansas ou bien le Lenny n'a de doux que le regard...

Et c'est la seconde hypothèse qui se dessine car le tout nouveau Pie XIII va vite se révéler imprévisible, cassant et foutrement réactionnaire. 

La nouvelle série de Canal +, après avoir beaucoup fait parler et monter le buzz en sauce piquante, débarque et nous présente un jeune pape sexy, rock'n'roll, qui clope à toute blinde et qui joue au billard. Une sorte de Hank Moody (CALIFORNICATION) en soutane. L'humour en moins.

Parce que c'est pas un marrant le nouveau pape. 

L'on voit bien que Sorrentino a pris grand soin d'opter pour un portrait inversé de notre pape François. 

Moins bonhomme, moins sympa. 

Néanmoins, à tout prendre, rien n'interdit de trouver Pie XIII plus franc...

... Néanmoins...

Néanmoins... prendre le nom de Pie XIII - en droite ligne du controversé Pie XII et sa timidité de violette face aux exactions nazies - annonce une reprise en main musclée.

Une reprise en main ? 

Nous, on avait franchement pas l'impression que le Vatican était un club progressiste crypto-gauchiste- trans'genre mais bon...

THE YOUNG POPE est supervisée par le réal italien  Paolo Sorrentino, que je ne connaissais que de réputation. Adepte des plans millimétrées et d'une certaine grandiloquence formelle, on devine vite que le hasard est l'ennemi de Paolo. 

Ce sens du cadrage, ces plans composés telles des peintures de maîtres se prêtent admirablement à la Curie romaine, vase clos au protocole strict et aux règles non écrites mais gravées dans le marbre de carrare.

En outre Sorrentino a eu une excellente idée : confier la tiare number one à Jude Law.


Beau comme un dieu grec, Jude Law livre une composition subtile, d'un pape tourmenté mais qui kiffe, les filles, qui s'enivre de son pouvoir. 

Dans une scène particulièrement éclairante, l'on voit le surplis blanc de Pie XIII tout chiffonné par un courant d'air. Ni une ni deux, deux majordomes ensoutanés se précipitent pour remettre le costume papal d'équerre. 

La dévotion qui entoure cet homme a quelque chose d'effrayant. 

Jude Law campe à merveille ce jeune loup qui envoie chier le roulement à bille millénaire de la Curie romaine. Quand on a affaire au représentant de Dieu sur terre et qu'il vous chie dans la bouche, on avale et on ronronne que c'est délicieux. 

Devant lui. 

Car dans les coulisses, les Galéro écarlates se crispent et les complots se multiplient. 

Le ton sarcastique, irrévérencieux, est minuté à la perfection. La première scène fantasmée où le pape dans son homélie célèbre les unions homosexuelles, l'amour libre et la liberté de conscience est d'un humour grinçant.  

La vraie homélie, elle, est effarante, hallucinante et bien bien flippante. 

Et on se dit qu'il va très très (trop) loin dans la franchise ce pape, qui regrette surement le bon vieux temps de l'Inquisition dure au mal, la révélation de l'âme étant au bout du tisonnier...

Les deux premiers épisodes de cette nouvelle superproduction mondiale (coproduite par HBO tout de même) sont une réussite. 

Le casting (classe et international : Diane Keaton , Ludivine Sagnier, Cécile de France et un paquet d’acteurs italiens excellents) hors Jude Law est à l'unisson de son maestro. 

Je demande quand même à voir sur la longueur, voir si le scénario se hissera au niveau de la forme. 

Mais pour l'instant la messe est dite.

Et bien dite.


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