mardi 2 février 2016


Tungstène, nom masculin, métal lourd dont la couleur varie du gris acier au blanc étain. Le tungstène est le métal ayant le plus haut point de fusion (3 422 °C).

Bonjour les aminches. 
Aujourd'hui nous n'allons pas réviser notre table des éléments où le Tungstène occupent la case n°74. En ce jour, nous n'allons pas aborder les rivages incertains et fascinant de la chimie moderne. 

Non. 

Pour débuter, nous allons parler d' """""humour"""""". 

Plantons le décor déjà. Une ville moyenne, non dépourvue de charme, je le sais pour l'avoir parcourue. Cette ville est mondialement connue pour son festival de BD.

Là, je vois que vous la tenez. 

Chaque année, ce festival délivre...


... Son fauve d'or. 

Burné le Fauve.

2016. Le Festival moulina de la polémique rancie. 

Après avoir soigneusement ignoré la moitié de l'humanité, un auteur de BD a un gros crayon qui se balance entre les cuisses, c'est une chose entendue... Le Festival décida de bousculer un peu sa remise des prix. C'est vrai qu'on s'emmerde un brin dans ce genre de pince fesse. 

"Merci à toute l'équipe, mes parents, mes critérium AB, le grand tout cosmique gnagnagna..."

On va rock'n'roller le bouzin. 

Pour faire marrer le microcosme de la bulle en cases, l'animateur décida de nommer des faux promus ! Et d'annoncer que tout ça, c'était de la couille (on y revient) et que les vrais prix allait maintenant être décerner. 

Nan nan mon gars, tu ne l'as pas ton Fauve, pas toi. Mais l'autre. On s'marre hein ! 

Ben non en fait. Les faux primés, non prévenus, sont passés de la joie extatique à l'incompréhension, l'humiliation et la colère.

La direction du Festival a défendu son happening moisi en regrettant que les spoliés manquaient un poil d'humour. 

"- Bon écoutez je suis le directeur du festival et je...
- Nan, stop !
- Pardon ?
- En fait ce n'est pas toi le directeur, c'était une blague, tu dégages maintenant vieux et tu laisses ta place au Véridique.
- Mais heu..?
- Ben quoi, ça ne te fait pas poiler ? Tu ne serais pas un peu coincé du trouloulou mon pote..."

Lamentable.

La BD est en crise. On ne dirait pas en voyant l'abondance chatoyant emplissant les rayonnages mais les auteurs (hormis les Van Hamme et quelques rares autres) peinent à garnir leur trousse. Alors un Fauve d'or c'est une promesse, un Graal... L'abruti d’Angoulême a réussi l'exploit de blesser une partie de la profession et de discréditer le vrai palmarès. 

Good job...

Bon. 

Je voulais donc vous parler du (vrai) Fauve d'or du polar en bulles.

Salvador de Bahia, Brésil, de nos jours. 

Les chemins de quatre habitants de la ville vont se croiser au pied du Fort de Notre-Dame de Monte Serrat, à l’occasion d’un fait divers. 

Cajù, un dealer à la petite semaine en galère, monsieur Ney, militaire à la retraite complètement névrosé et Richard, policier réputé mais mari exécrable en passe de se faire quitter par sa femme, Keira, se retrouvent tous impliqués dans un incident d’apparence anodine, mais qui va vite dégénérer en une situation dramatique.


Marcello Quintanilha signe là un roman graphique noir et confondant de maîtrise. 

D'un fait divers banal, il tire un enchaînement de situations, une imbrication d’événements implacables menant à un dénouement inattendu et sombre.

Alliant un noir et blanc somptueux...


... Et un sens du rythme trépident, TUNGSTÈNE déroule un récit choral addictif.

L'on voit qu'un changement d'angle renverse la perspective et nos certitudes vacillent, les personnages antipathiques deviennent attachants et inversement. 

Fresque social, témoignage acéré sur le Brésil et la "cité de la joie", sens prodigieux du récit avec des décalages audacieux, un rythme syncopé étourdissant qui ne vous délivre qu'une fois la dernière page tournée.

Good job.

Et là c'est vrai de vrai !

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire