samedi 27 février 2016


"Quand j'ai commencé, le rock'n'roll se résumait à ça : deux juifs et un rital qui enregistrent quatre blacks sur une seule piste. Aujourd'hui, ça a tellement changé que ça ne ressemble plus à ce truc qui faisait si peur."

***

Salutations les aminches.

Bon...

Voyons voir...

Avec une pharmacopée innovante, on peut rogner sur notre temps de sommeil. Une alimentation par intraveineuse réglera le problème des arrêts nécessaires à la nutrition. Un endoctrinement de tous les instants nous convaincra que l'hygiène est un concept surfait et les lingettes c'est pas fait pour les chiens bordelum ! Diverses sondes pour... Bref... 

Mais voilà. Même en cumulant les heures récupérées, même en mettant bout à bout les repas, les d(p)od(p)os et les douches économisés, on ne pourra visionner l'intégralité des nouvelles séries de l'année. Plus de 400 au compteur.

Pour les diffuseurs, il n'y a guère qu'un salut, se démarquer. Créer l’événement. HBO profitait jusque là pleinement de sa niche de chaîne câblée exigeante, pourvoyeuse de pépites sérielles à des paupières affamées de nouveautés, de changements, de différences. Et allez, envoyez SIX FEET UNDER, LES SOPRANO, THE WIRE, GOT, DEADWOOD et les dernières LEFTOVERS et TRUE DETECTIVE.

Puis la concurrence, insensiblement, s'est alignée. BREAKING BAD ne passait pas sur HBO. Netflix et Amazon sont entrés dans la danse, plus Pogo avec Rangers à clous que pirouette de salon, et ont commencé à tailler de sacrées soupières.

Après la douche glacée (ouch) de la deuxième saison de TRUE DETECTIVE, HBO devait réagir. Elle a réagi. 



Richie Finestra est le boss de l'un des plus prestigieux labels musicaux de New York. Richie avait du bagout, des couilles et une bonne oreille. Il a amené son label au sommet et s'est doré les parties en or massif. 

Seulement son nez est son organe défaillant. Un travail de sape constant et forcené de ses parois nasales à grandes sniff de poudre tel un aspirateur détraqué, adepte du mouvement perpétuel. Richie a perdu son mojo en même temps qu'une partie conséquente de ses connexions neuronales et en 1972 son label est au bord de la faillite. 

Il est temps de revendre. Aux Allemands de Polygram, habillés comme des mormons dépressifs. Ils sont mitigés les Teutons, ils voient les enclumes signées à prix d'or et les invendus s'entassant dans les entrepôts (quand ils ne finissent pas dans la mer pour masquer la maousse plantade) mais Richie a encore un atout. Un seul mais un gros. Il va signer Led Zeppelin. Les Zep, oui. les mastodontes remplissant les stades comme un Irlandais moyen les urinoirs du pub local un samedi soir.

A moins bien sûr que tout ne parte en coude...



Oilou !!! 

Prêtes pour un concentré brut de musicologie des Seventies les filles ? Un cour accéléré de rock, enterrement du glam, irruption du punk, du hip hop et (las...) du disco. 

Et quels meilleurs profs que ces deux là : 


Martin Scorcese et Mick Jagger, producteurs exécutifs  de VINYL. Mick qui a dû bien chargé la timbale d'anecdotes sulfureuses, poisseuses, terrifiantes et décadentes. Les Stones sont dans la place, ainsi quand la femme de Richie lui balance "you can't always get what you want", on kiffe...

Le tout pa(r)toché par un Scorcese en grande forme. En a encore sous le capot papy Scorcese, lui qui tout au long de sa filmo a témoigné d'un soin maniaque, obsessionnel de la bande son. Bien avant Tarantino, Martin a judicieusement nappé son Oeuvre de pastilles musicales minutieusement et amoureusement choisies. 

Et là, 'tin !! c'est Byzance nom d'une bite en mousse !! Ça Bowise, ça Stooges, ça bluese. Tue Dieu !! la BO de VINYL !! Il n'y a qu'à comparer avec la série EMPIRE, centrée elle aussi sur un label. De R'N'B. De la soupe boueuse, sirupuante de merde (pardon) qui nous pollue les cages à miel.  

Ça pulse sévère dans VINYL, ça déglingue. 

Martin se fait plaisir en mode LOUP DE WALL STRETT pour le speed cocainé avec le rendu granuleux de MEAN STREETS et la maestria nerveuse des AFFRANCHIS.

Le pilote de VINYL est somptueux. Bien aidé par la performance de Bobby Cannavale en Richie Finestra : 


Une interprétation à vif, charnelle, très incarnée. Bien dans les compos habituelles des films Scorcesien, grand directeur d'acteurs.

Tout n'est pas parfait dans ce pilote de presque 2 heures. Les autres rôles sont un brin sacrifiés (surtout les féminins à l'exception notable de la jeune assistante de Richie). Les gimmicks et auto citations sont parfois un peu poussives genre "j'ai vu Andy (Warhol) hier et Lou (Reed) est passé...". 

Certains passages en revanche sont savoureux. Un Robert Plant  plus maniéré que jamais... Quand la jeune assistante de Richie assène à un jeune chanteur punk arrogant (joué, très bien, par le fils de Mick Jagger) que sa musique est une bouillie imbitable mais que le public le déteste et là réside sa force (coucou les Sex Pistols).

Martin Scorcese et les scénaristes font un sort à cette mythologie du rock virginal et sans compromission. C'est un business le rock, trois mesures pour garnir le chéquier et emplir les caisses. Des Managers surtout !

Ce pilote est donc époustouflant, preuve que Scorcese est un immense cinéaste (l'un de mes préférés, cela s'est vu..?) mais je crains la fausse bonne idée d'avoir confié la réal du premier épisode à un monstre tel que Scorcese. Pour rester dans la veine Scorcesienne, je ne sais si vous avez vu son GANGS OF NEW YORK avec un énoooorme Daniel Day Lewis qui bouffe littéralement la péloche, phagocyte la cellulose, occultant totalement ses partenaires (demandez à Léo Di Caprio).

Martin Scorcese n'a-t-il pas cannibalisé VINYL, ne laissant qu'une carcasse blanchi aux réals qui suivent...

Verra bien... 



En attendant...

Quelle claque !

Sonore et visuelle.



A la relecture de ce post, je redoute le ton pontifiant du vieux con nostalgique. 

La rengaine du "c'était mieux avant"

Ben...

Un peu quand même...

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