samedi 27 février 2016


"Je n’aime pas les combats de papier. Je n’aurais jamais dû céder aux avances de Val et Malka. Je n’ai rien vu venir. Après j’étais coincé. On était tous coincés. Le seul qui avait vu juste, c’est Choron. J’aurais dû l’écouter. Mais c’était trop tard. ” 
***
Coucou les filles.
Bon...

Un petit moment sioux plait.


V'la. Je me sens plus sécure.

Aujourd'hui Mesdamessieurs...

Un sujet hautement inflammable. 


Le journal satirique, descendant de Hara Kiri, qui proclamait qu'un Français pouvait dénoncer des juifs oui mais donner un coin à champignon JAMAIS !

le journal interdit, revenu d'outre tribunal, puis asphyxié financièrement, arrêté faute de lecteurs et re-Lazarisé sur le cadavre de La Grosse Bertha avec un Philippe Val disons... Ricanant.

Charlie Hebdo est maintenant une marque internationale. Les cloches de Notre Dame ont sonné pour les défunts de Charlie Hebdo. Johnny Hallyday, Johnny Hallyday putain !! a chanté pour les victimes. On leur aura bien chié d'ssus...

Et dès le lendemain du 7 janvier (le jour même peut-être faudrait vérifier), Philippe Val, déboule, les larmes aux yeux. Partout. Mais vraiment partout. France Inter of course, il y a son rond de serviette. Les studios télés. Il connait bien les studio télé. Il prend bien la lumière et l'est loin d'être con le Philou. 

Ok. Je n'aime guère Philippe Val. Cela me fait une chose en commun avec Denis Robert l'auteur de : 


Je voudrais avoir la froideur de l'entomologiste en entamant ce récit. Prendre les pièces une par une, remonter le temps. Éclater le temps. Disséquer. Poser. Observer. Dater. Comprendre. C'est l'histoire de deux êtres rares : Cavanna et Choron. C'est l'histoire d'un premier journal, puis d'un deuxième, d'un troisième : tous créés par une bande de kamikazes, ivres de liberté et bourrés de talent. 

Ces journaux ont amusé, éclairé, ouvert les yeux et les esprits de deux ou trois générations de lecteurs, de citoyens, d'électeurs, de journalistes. Hara-Kiri mensuel, Hara-Kiri hebdo, La Gueule ouverte, Charlie Mensuel et le dernier : Charlie Hebdo... 1960-1985 : vingt-cinq années d'insolence, d'humour, de spontanéité et de subversion. 

L'époque étant ce qu'elle est, ces journaux fougueux qui sentaient le foutre, la sueur, l'alcool, la liberté sont devenus des marques. C'est l'histoire de la dilapidation d'un héritage. Une histoire tumultueuse, magnifique, triste et honteuse. À mes yeux, elle est exemplaire.

Bon...

On commence à se connaître un poil les aminches. Z'avez surement noté mon appétence pour les Seventies. Cet angle mélancolique, ce petit  "quand même quelle époque !", avec ce sens du montage "hop on remet les images dans le bons sens, on découpe ce qui dépasse et on garde ce qui nous arrange !

Oui mais là, on peut le dire sans craindre, en articulant pesamment : Charlie Hebdo c'était mieux avant.

Dans le livre de Denis Robert, Godart a une belle phrase je trouve, il dit je "suis" Charlie. Dans le sens de suivre et non celui d'être. Cela reflète bien ma pensée, pareil, je "suis" Charlie, depuis son retour des années 80. Je suis resté abonné tout du long quand je squeezai consciencieusement mes autre abonnements. Même pendant la période Val, je ne me suis pas résolu à couper les liens, même si je ne lisais plus qu'une page sur deux. 

Il faut dire que je ne savais pas tout. 

Le livre de Denis Robert se découpe en deux parties. l'épopée d'Hara Kiri avec le professeur Choron qui multiplie les magouilles et les ruses comptables pour sortir le journal et Cavanna qui le remplit, qui bosse comme un taré, qui frôlera même le suicide tellement le rythme était âpre.

On connait tous les épisodes les plus fameux dont le bal tragique à Colombay. C'était un truc de malade Hara Kiri quand même. 


Et je suis soft dans mes choix.

Charlie Hebdo sera en quelque sorte la version hebdo du mensuel Hara Kiri. Ces premières années sont épiques et Denis Robert, un intime de Cavanna et Choron, relate à merveille cette exubérance, cette tension. Quand Choron demandait à la fin des réunions de rédaction : "alors baise ou bouffe ?" En espérant très fort que les plumitifs choisirait le gueuleton car ça coûte plus cher d'organiser une partouze.

Sûr que Charlie a bousculé la France Giscardienne, et a allumé un feu de joie. Avec un mauvais goût assumé, un appétit de provoc', en allant trop loin parfois, 'videmment, mais bon, suffit de tourner la page.

Et puis finito. Dans un Droit de Réponse de Pollac d'anthologie Charlie Hebdo crève. Faute de lecteurs. Faute d'adaptation à l'esprit du temps aussi peut-être. 

 

Et puis...

Charlie revient. 

Là, Denis Robert entre dans le dur. 


Denis Robert est un journaliste d'investigation qui mit à jour le scandale Clearstream et cette chambre de compensation occulte et nébuleuse au Luxembourg. Et qui finira dévoré, essoré et dépassé par cette enquête. Retenez bien cet épisode, cela n'est pas anodin pour ce qui va suivre. 

Ce qui suit est la main mise de Philippe Val sur Charlie Hebdo, la mise à l'écart de Cavanna, sans parler de Choron, et la refonte d'un journal bête et méchant en hebdo pas trop con et pas très très gentil.

Autant le dire d'emblée, ça pue la haine recuite entre Philippe Val et Denis Robert. Philou qui poursuivit Robert de sa vindicte d'éditos en éditos (je m'en souviens) même quand ce dernier était retiré du journalisme, au fond du trou. Il faut dire que l'avocat de Charlie Hebdo et de Clearstream est le même : Richard Malka. Richard Malka, qui selon les dires de Robert, va entuber bien profond Cavanna, lui laissant à peine de quoi vivre : 1800 € par mois pour ses piges à Charlie et 0.44 % sur les ventes de l'hebdo. Pour le fondateur du journal. 

Ces deux chiffres sont factuels et personne ne les nie.

Denis Robert a bien conscience que son livre pue le règlement de compte. Il s'en défend... Mollement. Il est bien plus efficace en multipliant les sources et les témoignages. 

Il n'empêche cette deuxième partie est plus faible. Il esquive prudemment l'affaires des caricatures et ne prend pas partie sur la pertinence de publier ces fameux dessins, pas terribles pour la plupart (mais dont on n'aurait pu juger de la qualité si personne ne les avait publiés). Ce qui est sûr c'est que Val fait la culbute et se goinfre suite à l'explosion des ventes de ce fameux numéro. 

Val et Cabu. 


Car Denis Robert égratigne méchamment le grand Duduche, homme lige de Val, fidélité assez incompréhensible et qui se fera sur le dos de Cavanna.

Il défonce pas mal la nouvelle génération d'ailleurs Denis Robert, se montrant indulgent avec Charb (comme Cavanna qui meurt avant les attentats du 7 janvier, faut-il le rappeler...). C'est l'une des failles de ce bouquin, ce réquisitoire modérément mesuré mais qui occulte ce phénomène d'embarquement dans une histoire commune. 

L'affaire Siné est, par tronque, fouillée et accablante pour Val, qui suite à un texte de Siné, va accuser ce dernier d'antisémitisme suite au "il ira loin ce petit" où Siné raille la conversion au judaïsme d'un fils de sarkozy. 

« Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »

C'était son truc à val, il voyait de l'antisémitisme partout. Tout le temps. Je m'en souviens aussi.

Heureusement qu'il n'était pas à Charlie dans les années 70 :

Charlie du 2 novembre 1978. La semaine précédente, le 28 octobre 1978, l’hebdomadaire L’Express publiait un entretien avec Louis Darquier de Pellepoix, directeur du Commissariat général aux questions juives de 1942 à 1944, intitulé « À Auschwitz, on n’a gazé que les poux  ».
Accuser Siné d’antisémitisme lui permettra de vider Siné salement.

Affaire totalement foireuse. Siné gagnera tous ses procès et touchera un pactole en dommages et intérêts. Ce qui lui permettra de lancer Siné Hebdo qui siphonnera le lectorat de Charlie. 

Mais Val  a rendu service et obtiendra la présidence de France Inter.

Nommé par Sarkozy.

Crapoteux tout cela. 

Peut-être mais en fait MOHICANS est surtout un hommage touchant et tendre à Cavanna.

Cavanna, heureux comme un gamin de voir son bébé à nouveau dans les rotatives.


Cavanna, spolié et humilié.

Un chouette bonhomme, faillible, parfois naïf, très naïf, mais jamais médiocre.

Alors oui. MOHICANS est à charge. Mais une charge détaillée, argumentée et polémique. Passionnante souvent, parfois un brin technique, jamais ennuyeuse. 


'Tin !! S'il faut choisir,...

Rien de plus facile !

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire