jeudi 3 septembre 2015


A y est les filles. Le couperet est tombé et a sectionné dans le vif. HANNIBAL aux audiences misérablement confidentielle ne sera pas reconduit. Le miracle qui durait depuis 3 ans, à savoir une série aux limites de l'expérimental, qui tentait des trucs sacrément inédits, à la recherche formelle permanente, diffusée sur une chaîne nationale, ne durera plus.

Faut-il s'en plaindre ?

Et bien...

J'ai apprécié HANNIBAL, à défaut de réellement l'aimer. J'ai savouré parfois cette perfection scénique, cette mise en scène ingénieuse, ces plans réalisés comme des tableaux de maîtres. 

J'ai applaudi la performance de Mads Mikkelsen dans le rôle titre.


Qui d'un sourire, une réplique, soulignait la vanité froide, l'intelligence effrayante et le total manque d'empathie d'Hannibal Lecter. 

Mais je n'ai jamais manqué de remarquer les défauts de la série, une verbosité sentencieuse qui donnait l'impression que nous avions à faire à des prompteurs et non des êtres humains. Hannibal Lecter je veux bien mais sinon, personne, absolument personne, ne parle comme cela dans la vraie vie. 

HANNIBAL n'est pas une série aimable, c'est vrai mais jusque là elle était innovante et assez perturbante. Elle est arrogante en fait mais une arrogance compensée par une vision hallucinée et un script d'enfer. Enlevons l'un de ses plateaux et la balance ne penche que d'un côté. 

C'est bien là le problème de cette saison 3. Où sont passés le script, le tempo ?

On avait laissé notre Babal en fuite après avoir massacré ses poursuivants. On le voit au début de la saison 3 mastiquer le Docteur Fell, éminent spécialiste de Dante pour prendre sa place à sa chaire de Florence.

Mais Will Graham n'est pas mort, épargné par Lecter qui n'a pu se résoudre à le tuer et il se lance dans une traque effrénée. Lecter est poursuivi itou par Mason Verger qui a moyennement kiffé sa reconfiguration faciale provoquée par notre bon docteur.

Les Show runners en fait bouleversent la chronologie Lecterienne classique et mette cet épisode avant tout le reste, avant DRAGON ROUGE, avant LE SILENCE DES AGNEAUX. 

Je connais bien Hannibal Lecter, j'ai lu les romans, je connais l'histoire et c'est un poil le souci, je vois les événements arriver parce que les shows runners ne peuvent pas TOUT bousculer, en tout cas n'en ont pas eu l'audace.

La bonne idée de cette saison est d'avoir donné de l'importance à la fiancée du monstre Gillian Anderson, décidément partout ces temps-ci.


Avec sa beauté froide, son étrangeté glaciale, elle tire habilement son épingle. 

Seulement les aminches... Seulement...

Le script plouf en rond. Du coup l'on multiplie les gros plans sur les gouttes de sang qui tombent au ralenti et les schdoing schdoing  d'une musique assymétrique. Lassant. 

Puis la saison bascule. Notre Babal passe au second plan et Will Graham prend tout l'espace. 


Ce mec est une pub vivante pour les bienfaits d'une cure d’anxiolytiques  à haute dose. Il porte la tristesse poisseuse comme son slip, c'est à dire souvent, très souvent. 

Quand Babal n'est plus là pour capter la lumière, on s'emmerde un brin, un bon gros brin tressé au poil de yak transgénique. 

Toute cette dernière partie concerne la traque du Dragon Rouge, hormis quelques écarts par rapport à la trame originelle, le déroulé des péripéties est le même. 

Tout se joue dans ce triangle Will Graham / Hannibal Lecter / Dragon Rouge. Tous les autres personnages sont soit sacrifiés, soit disparaissent (quid de la jeune Asiatique qui séquestrait l'un des assassins cannibales de la jeune sœur de Lecter, trauma fondateur à peine effleuré).

Tout n'est pas à jeter dans cette troisième saison, la relation complexe, ambiguë antre Will Graham et Hannibal Lecter est le socle de cette série et atteint son acmé dans un beau final. 


Cette valse amoureuse, cette attirance niée et inéluctable, est l'un des apports trouble et réussi de la série par rapport aux films et romans.

Hormis cela.

Que d'ennui tout de même, de dialogues de plombs auxquels on ne saisit pas tout, de plans sur les ondes concentriques d'une goutte percutant une mare de sang.

On a envie de dire à Bryan Fuller, le créateur de la série : la branlette est un plaisir solitaire.

2 commentaires :

  1. Salut namimac...

    J'passe en vitesse pour t'applaudir des 2 mains d'avoir réussi à aller jusqu'au bout.
    Parce que moi, autant j'ai kiffé les deux premières saisons, autant je n'ai pas pu dépasser le 4ème épisode de la 3è saison. Là, c'est pas de la déception, c'est du dégoût, parce que la forme a pris le pas sur fond, et la forme n'était pas topissime pour autant, alambiquée, confuse, approximative...

    Du gloubiboulga psycho-esthético-onaniste.
    Bye bye, Babal.
    Dommage :(

    Et il m'en faut, pour arrêter une série en cours...


    Nop, vraiment, là...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Coucou naminonyme. Effectivement la chute est rude. Dommage car les deux premières saisons se tenaient bien mais les défauts récurrents de cette série ont fini par l'emporter. Sinon prépare toi mon poto à te refaire KNICKer ta face (espérons le en tout cas), début octobre.

      Supprimer