mardi 15 septembre 2015

... Celui qu'on croit. 

Fatalement.


De cet adage, dont Tim Burton a tiré la part la plus intéressante de sa filmographie, le FREAKS de Tod Browning est la vision la plus saisissante. 

FREAKS est un film proprement miraculeux, qui d'un sujet racoleur tire une parabole exemplaire sur la solidarité et l'amitié. Un film qui fait bien flipper aussi et qui joue sur nos penchants voyeurs pour mieux les contourner car FREAKS n'est pas un film sur le malaise, ni sur le frisson malsain.

Dans les années 1930, le cirque  Tetrallini est célèbre  et tourne dans toute l'Europe. Sous le chapiteau se succèdent dompteur, clowns, acrobates etc. Et les Freaks, les monstres de foire. 

Des vrais. On est à une époque où l'ordinateur ne fait pas tourner ses logiciels à plein régime pour digitaliser à tour de bits. Les Freaks que l'on voit dans le film sont des personnes réelles venues tout droit du cirque Barnum. La femme à barbe ne porte pas de postiches, les siamoises ne sont pas dans un même vêtement.

Dans ce cirque officie un illusionniste Hans qui est un nain, de taille lilliputienne. Il est fiancé à une écuyère Frieda, naine elle aussi. 

Seulement Hans tombe amoureux de la grande et belle Cléopâtre, la trapéziste. Qui s'amuse de ce soupirant minuscule sous l’œil sourcilleux de son amant Hercule, le monsieur Muscle et zéro neurone de la troupe. 

Seulement, Hans hérite d'une somme rondelette et ce qui était un jeu jusque là gentiment cruel devient un plan machiavélique. 

Seulement les autres Freaks se rendent vite compte du double jeu de Cléopâtre et serrent les rangs. Les freaks se nouent et le lien est serré. 

Tod Browning ...


.... Imposa à toute l'équipe de tournage de manger ensemble. Ce qui n'alla pas sans provoquer des heurts et des frictions mais il n'en démordra pas. Il se noua lui aussi aux Freaks. 

FREAKS est un film grandiose, humaniste avec des scènes hallucinantes : 


Ce plan, où cet homme tronc (le prince Randian de son nom de scène) allume un cigarette avec sa bouche, me cueille chaque fois. 

Mais comme je le disais il n'y a pas de racolage dans FREAKS, pas une once, par rapport aux tombereaux d'impudeurs versés quotidiennement sur la TNT...

FREAKS est une oeuvre émouvante et terrible sur l'acceptation. On ne se moque pas impunément de différent que soi, le retour de manivelle sera atroce. Le dénouement de FREAKS le prouve.

Allez, sur une musique de Radiohead (par tronque, oubliez quelques vidéos proposées à la fin, tout ce que FREAKS n'est définitivement pas) : 


Un très grand film, l'un des plus grands jamais mis en péloche.

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