vendredi 4 septembre 2015

Bonjour les aminches. 

Faisons ensemble le rêve fou d'un néo libéral en stade avancé, regroupons un paquet de multinationales parmi les plus importantes, les plus fondamentales, les plus influentes et mélangeons. 


Et voila. 

La corporation ultime ! Le rêve enchanté ou le cauchemar éveillé. C'est selon.

Pour les créateurs de cette pépite sérielle qu'est MR ROBOT, il ont choisi la deuxième option : 


E Corp est une multinationale tentaculaire. Peu d'aspects de l'activité humaine échappent à ses ventouses. C'est justement à cette hydre mondialisée que s'attaque MR ROBOT


Mais qui est MR ROBOT ?

Bon reprenons depuis le début. 

Le jeune Eliott travaille pour une société de sécurité informatique dont E Corp est justement le plus gros client.

Eliott a deux caractéristiques : c'est un génie de l'informatique, du code informatique et du hacking. C'est aussi un mec qui  a un sérieux problème d'interactions sociales. Il a clairement des troubles autistiques et il ne peut nouer des relations avec d'autres personnes qu'en les hackant. Il les pirate et apprend tout de leur vie via les réseaux sociaux, boites mails, téléphone portables etc.

Eliott est abordé par Mr Robot, le chef d'une team de pirates informatiques surdoués qui ont un but : pirater E corp mais pas le petit piratage pépère, partage de données et alerte médiatique. Non, il s'agit de faire imploser E Corp de l'intérieur, de la pulvériser. Ce qui pour une entreprise de cette taille revient à changer le monde. A le révolutionner totalement.

Voilà pour le pitch, fantasme hallucinatoire d'un geek sous acide. 

Autant vous le dire les filles, je n'entrave rien aux nouvelles technologies. 

Oui je sais, la surprise est rude. Je n'ai pas de compte Facebook, encore moins Twitter. 

On pourrait donc penser que MR ROBOT ne serait pas ma came. 

Kinini.

Alors ok, je ne capte pas grand chose aux lignes de code mais je ne dois pas être le seul. Ce qui me fait kiffer dans cette série, c'est son ambiance étrange quasi éthérée et ses héros attachants, surtout le premier d'entre eux : 


Le jeune Rami Malek incarne Eliott et il le fait très très bien. Il renouvelle le poncif de l'autiste génial. Une voix monocorde, une silhouette longiligne et un visage souvent inexpressif. Comment fait-il alors pour exprimer une telle palette de sentiments ? Très beau taf, félicitations fiston !

Et le fameux Mr Robot alors. Bien. là nous abordons l'un des rares points noirs de la série. J'imagine le directeur de casting, cherchant un nom relativement connu pour lustrer son générique. Pas trop quand même, il n'a pas un budget illimité, nous sommes sur une petite chaîne câblée, ni Netflix, ni HBO. 

So ?


Christian Slater qui cherche désespérément à faire plus d'une saison à la télévison américaine. Qui accumule les projets poisseux. Il a enfin tiré une bonne carte. 

Le problème c'est qu'il fait tâche. Il joue en décalé. Il n'est absolument pas crédible en chef totalement cintré d'un groupe de hackers. Mais cela n'a peut-être pas d'importance. En effet, Mr Robot existe-t-il vraiment ?

Et oui, je vous parlais d'un climax étrange. MR ROBOT balance constamment entre FIGHT CLUB et AMERICAN PSYCHO.

FIGHT CLUB, non pour les combats à mains nues mais pour ce flirt constant avec un réel qui se barre en coude. Mr Robot ne serait-il pas une création enfiévrée du cerveau en surchauffe d'Eliott ? 

AMERICAN PSYCHO, pour le cadre sociopathe de E CORP qui fait furieusement penser au Patrick Bateman de Bret Easton Ellis. 


Interprété (plutôt bien) par Martin Wallstrom, le yuppie Tyrell Wellick accumule les clichés sur le cadre sup' inhumain, prêt à sacrifier tout ceux qui l'entoure, à tuer, forniquer, manipuler, pour monter d'un cran, pensant constamment au coup d'après.

MR ROBOT est une série intrigante, son pilote est même l'un des plus barrés et réussis de cette année. La forme est parfaitement maîtrisée. Une folie encadrée au service de l'histoire. 

On suit les pérégrinations d'Eliott, on entend ses pensées intimes via une voix off judicieuse (pour une fois) et l'on s'attache vite à notre Rain Man numérique. Il s'introduit dans l'intime de ceux qu'il côtoie mais réussit l'exploit, à ce qu'aucun moment, l'idée qu'il soit un voyeur pervers ne nous effleure. 

Ajoutons à cela une excellente bande son, musique électro planante ou plus lourde. Une mise en scène sans effet, classique et directe  alors qu'ils auraient pu se lâcher sur les trips intello-masturbatoires. 

Des réflexions pertinentes sur notre société de consommation, sur notre rapport complexe aux réseaux sociaux, notre intimité, sur les bonnes intentions qui bitument l'enfer sur terre, sur la Révolution qui ne serait finalement qu'un reboot illusoire pour revenir à la situation antérieure...

Enfin un final décoiffant et déroutant, repoussé pour un télescopage fortuit et malheureux avec l'actualité récente. Je ne peux en dire plus sans spoiler.

Vous l'aurez compris les filles, MR ROBOT est l'une des bonnes surprises de cette année. 

Laissez vous hacker !

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