vendredi 12 juin 2015


Les aminches, laissez moi vous conter, la vie d'un décideur, d'un vrai.

Le responsable du plus grand network américain, la chaîne ABC, un monstre implacable, à faire passer TF1 pour une amicale de club des fêtes.

Le grand manitou, les yeux fixés sur les courbes, pas de sa secrétaire nan, mais des audiences, du taux de pénétration publicitaires et autres mesures scientifiques de nos goûts, de ce qui nous plait.

Le stabilo prêt à fondre, un surlignage et c'est la fin. On range ses cartons, on vide le bureau, les corbeilles et on rend son badge. 

Attention ! Il bouge !


Et voilà...

La très chouette série BATTLE CREEK est donc annulée. Pour audiences déficientes. 

C'est sûr qu'elles n'étaient pas mirobolantes. Plus élevées cela dit que la catastrophe financière et artistique d'AGENTS OF SHIELD, mais AOS est sauve. 

Ce qui me fait dire qu'il vaut mieux se prévaloir du nom d'une franchise juteuse Marvel et une force de frappe économique intimidante Disney que de la signature prestigieuse de deux des plus grands show runners qui soient.

BATTLE CREEK est en effet la création de : 

David ShorennnnnnnnnnnnnVince Gilligan
HOUSE et BREAKING BAD. 

Si ce n'est pas ce qu'on fait de mieux, on est tout près quand même.

BATTLE CREEK est une série à l'ancienne. Elle narre les investigations d'un couple de flic dans la ville moyenne de Battle Creek. 

Le détective Russ Agnew est un flic local, un excellent inspecteur, old school, n'hésitant pas à intimider et circonvenir les procédures mais déductif et brillant. 

Il se méfie de son récent partenaire, l'agent spécial Milt Chamberlain qui arrive tout droit du FBI. Bardé de nouvelles technologies, d'applications efficaces et liberticides et d'un optimisme, d'un positivisme, légèrement crispants. 

BATTLE CREEK n'a rien de révolutionnaire, il s'agit d'un procédural, un épisode, une enquête et hop. Mais l'évolution des personnages mûrit longuement et j'ai pris un grand plaisir à les suivre.

Preuve en est que j'ai appris l'annulation relativement tôt durant la diffusion mais j'ai quand même visionné la saison 1 en intégralité. Ce que je ne fais jamais habituellement.

BATTLE CREEK n'est peut-être pas un chef d'oeuvre mais elle dégage un charme certain. Grâce en soit rendue à ses deux acteurs principaux tout d'abord.

Josh Duhamel aka Milt Chamberlain
Évadé de la saga TRANSFORMERS, le Brummel de ces ladies, Josh tient la juste note dans le rôle de l'agent spécial Chamberlain. 

Débarquant pour on sait quelle raison inavouable dans ce trou perdu de Battle Creek, venu prêter main forte et Rollexisée, à la police locale, Josh laisse deviner une fêlure, une faille que masquent un entrain, un optimisme, une foi en l'humanité qui est parfois contre productive quand on officie dans la maréchaussée.

Cela agace profondément son partenaire, le détective Russ Agnew : 

Dean Winters aka Russ Agnew
L'inspecteur Russ Agnew est tout le contraire. 

Méfiant de nature, malheureux comme la pierre, brillant et un poil incontrôlable. Tout le monde ment par principe. 

Ca ne vous rappelle rien ? Nous y reviendrons.

Dean Winters est excellent. 

Il rend son personnage attachant. Son ballet amoureux avec sa collègue est attendrissant, pas du tout neuneu, et son amitié naissante mais contrariée avec Milt est bien amenée également.

BATTLE CREEK est une série attachante. 

A vrai dire les filles, l'on ressent surtout l'influence de David Shore, show runner de HOUSE, un personnage acariâtre, intelligent, malheureux et aigri. On dirait du HOUSE light.

Light car on est loin de l'ampleur de la série médicale de la Fox...

[en même temps avec une seule saison de 13 épisodes pour BATTLE CREEK, difficile d'acquérir de l'amplitude]

... Et puis Agnew n'est pas House non plus, il est plus respectueux du vivre ensemble, de ses amis (il en a plus d'un déjà) et il entrevoit un bonheur possible. 

Les chamailleries de ces deux cop(ain)s, cette rivalité semelle de cuir / smartphone, cette valse in love entre Agnew et Holly, le mystère de cette mutation-rétrogradation de l'agent du FBOuille ; tout cela nous scotche à notre canap'

De plus, le manque criant de moyens de la police locale : 

- les tasers tombent en rade faute de batterie.
- Il n'y a pas d’argent pour rémunérer les indics (non Claude Guéant n'y est pour rien)...

Cette pénurie financière est rendue de manière saisissante et apporte une côté docu à l'ensemble. 

BATTLE CREEK n'est pas une série Fast and ADN dans la minute avec fusillade à la volée et pneus qui couinent.

Enfin les aminches, sachez que les quelques interrogations sont levée à la fin de cette unique saison qui se suffit à elle même, qui ne finit par sur un cliffhanger frustrant. 

Cela présageait d'une belle suite et j'aurais bien fait un bout de chemin avec mes deux nouveaux potes.

Mais ça c'était sans compter le décideur et son stabilo.

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