lundi 25 mai 2015


Imaginons la scène les filles...

Paddy (appelons le Paddy), sort un matin brumeux et frisquet de son son  petit Homesweetome et s'en va chez son boomaker local. Car les Anglais ne sont pas seulement des marins et des négociants, ils sont aussi des parieurs. Ils parient sur tout, les résultats du foot bien sûr, en passant par les prénoms royaux et autres joyeusetés plus sombres. 

"Salut Paddy.
- Hi Eddie (appelons le Eddie)
- Alors pour aujourd'hui ?
- As usual Eddie une pinte et dix billets sur la mort du chevelu.
- Ok."

Et ainsi de suite. Les années passant. Les décades filant. 

Finalement, Eddie se tient debout devant le marbre tombal de Paddy. 

"Il t'aura bien eu cet enfoiré. Je ne l'aurai jamais cru mon vieux."

A mon avis ? 

Lui non plus...

Keith Richards n'aurais jamais cru vivre si vieux.


"I Know it's only rock'n'roll but I like it"...

Les Rolling Stones. LE groupe. Bien sûr les Beatles et leurs coupes au bol mais 'tin les Stones quand même, avant qu'ils ne deviennent cette association de vieux beaux pathétiques et bling bling. 

Un groupe cradingue qui pulsaient quand même pas mal les aminches. 

Allez ! On a tous un titre des Stones...

Ne cherchez pas l'âme des Cailloux qui roulent en Mick Jagger, petit bourgeois de la haute qui s'encanaille. Non fouinez plutôt du côté du prolo, venu d'un quartier miteux et inventeur du riff qui fit les Stones, le divin Keith Richards.

C'est la première fois que je lis l'autobio d'un rockeur. Et le bouquin de Richards est tout ce que j'en imaginais : un mélange de stupre, de scandale, de dope, de musique (surtout de musique) et de roublardise gouailleuse. 

LIFE est un mélange détonnant d'humour déconnant, de montée/descente d'acide et de mauvaise foi rigolarde. 

Déjà tout y est, pour ceux qui connaissent :

Brian Jones et son suicide qui soulagea tout le monde (grinçant mais c'est ainsi).

Atalamont, le Woodstock des Stones à ceci près que ces jeunes rockers un brin concon aux neurones en fuite décidèrent de confier le service d'ordre aux Hells Angels avec un drame à la clé.

Les relations compliquées avec Mick Jagger

Et la dope bien sûr, cette foutue dope que Keith engloutit. Avec tout ce qu'il s'est mis dans le cornet, il est impressionnant qu'il soit encore en vie. Et conscient.

Ce livre est passionnant. 

Il est rock'n'roll. Ecrit à  à 1000 à l'heure, dans un style direct et punchy. Keith Richards ne se donne pas le beau rôle mais pas le plus mauvais non plus. A vrai dire il est un brin effrayant Richards. Et drôle. Parfois même savoureux. Et souvent profond. Ça me troue ce que cela doit me trouer mais c'est ainsi. 

On le suit du jeune beau gosse. Si si souvenez vous : 



A la tronche de papier mâché, comme un brouillon récupéré dans la corbeille : 



Comme je l'aime bien mon Keith, j'ai été plutôt sympa sur cette photo là...

Des débuts donc des Stones, premier groupe à minette. Richards livre des pages saisissantes sur l'angoisse, la terreur même devant la furie de ces fans en furie. 

Puis la drogue et les descentes de flics qui vont avec. Keith Richards n'aime pas la maréchaussée : 

"J'ai jamais eu de problèmes avec les drogues, seulement avec les flics."

La musique bien sûr, l'argent qui coule non pas à flots mais un foutu déluge oui ! Et le tournant problématique des années 80.

Mais pourquoi il ne s'arrête pas Keith Richards ?

"On me demande souvent : "Pourquoi tu ne t'arrêtes pas ?" Je prendrai ma retraite quand j'aurai cassé ma pipe. Je crois qu'ils ne calculent pas vraiment ce que la musique représente pour moi. Je ne fais pas ça pour l'argent, ni pour vous. Je fais ça pour moi."

Je veux bien le croire. 

LIFE est une percutante confession, qui réussit l'exploit d'être sincère sans être tout à fait honnête. 

Alors Keith Richards, homme à la moralité douteuse parfois, un peu lâche aussi et casse cou itou. Grand guitariste ? Comme il le dit lui même : 

"Je ne suis pas le plus grand mais je suis le seul à faire ce que je fais."

C'est pas faux...



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