samedi 2 mai 2015


Des profondeurs la aminches. La noirceur des abysses. Où une pression de tous les instants s'exerce et augmente.

La pression, l'agent de la DGSE Guillaume Debailly -nom de code Malotru-  connait bien. Il vient d'oeuvrer six ans durant en Syrie, en tant qu'espion infiltré, un clandestin, sous l'alias de Paul Lefebvre. 

Malotru travaille pour le Bureau Des Légende, section du contre espionnage français, chargé de créer ces fausses identités, les légendes, censées résister à toutes investigations poussées. 

Guillaume Debailly revient en plein crise. Le clandestin Cyclone, installé à Alger, a disparu. A-t-il lui même mis en scène sa disparition, craquant sous la pression ? Le services algériens l'ont-ils grillé et le travaillent-il en ce moment à la tenaille et chalumeau ? Ou bien était il un agent double depuis le début ?  

Fort de son expérience et de ses compétences, Malotru est chargé de le récupérer ; tout en formant la prochaine clandestine, une jeune fille que l'on veut introduire dans les milieux nucléaires iraniens.

Mais Guillaume Debailly est-il lui même si fiable ? Peut-on, dans un claquement de phalanges, effacer 6 ans de sa propre vie ? Et la femme dont il était amoureux à Damas sous son identité de Paul Lefebvre et qui vient d'arriver à Paris est elle si transparente ? A quel jeu joue Malotru ?

Ouch... Voilà un synopsis bien complet. Et copieux.

La nouvelle création de Canal + était précédée d'un buzz positif et l'on s'attendait à voir la qualité made in esprit Caaanaal en action. Qu'en est-il vraiment ? 

Tout d'abord, le créateur de la série et réalisateur des épisodes, Eric Rochant connait bien le monde de l'espionnage. L'on devine tout de suite ses références et le bonhomme a bon gout. 

Il délaisse les cascades mirobolantes de l'ami Bond et les combats rapprochés de l'ami Bourne. Il lorgne sans se gêner du coté de John Le carré et ses costumes trois pièces. On est là dans un fonctionnariat du renseignement. Griserie, je claviotais les filles. On est bien dans un monde gris, entre le noir profond et le blanc cassé. 

L'autre référence évidente est dans le propre passé du réal, et son fameux (et excellent itou) film LES PATRIOTES  : 


Avec Yvan Attal auquel Matthieu Kassovitz fait indéniablement penser par une silhouette longiligne et un physique passe partout relativement semblable.  Surtout par le même jeu rentré, tout en sobriété et subtilité. 

Nous sommes donc là dans l’univers de la manipulation. Qui influence qui ? Qui se tient par les couilles la barbichette ? Peu d'armes, quasiment pas de scènes d'actions mais un suspense et une tension bien senties...

Les agents dans ce Bureau sont des tronches, capables de passer l'agrégation de Français et d'apprendre l'arabe, dans la même année, pour parfaire une couverture.

Ce qui est bien rendu dans cette série, c'est la griserie de jouer un double jeu et de la difficulté de revenir à la normale, de récupérer son nom de naissance et la routine qui va avec. 

Comme je le soulignais Matthieu Kassovitz investit impeccablement son personnage et rend bien cette fébrilité sous-jacente, masquée par un calme apparent et une froide maîtrise.


Matthieu a mis en berne ses ambition sodomites envers le milieu du cinéma français, il stoppe (pour un temps ?) sa quête du second miracle, d'un nouveau LA HAINE et prouve que que ce l'on savait déjà : c'est un bon acteur. 

Sa partenaire lui renvoie la réplique superbement : 


Tout d'abord l'actrice Zineb Triki est magnifique, d'une grande beauté racée et féline. Elle développe ensuite un beau jeu, tendu et subtil. Ce couple fonctionne et plutôt bien.

L'ennui est que le reste du casting est déséquilibré. Lea Drucker est un peu sacrifiée dans son rôle de psy et sert surtout de guide dans les arcanes du secret défense, cela nous vaut quelques dialogues d'espionnages pour les Nuls. 

Le supérieur direct et ami de Malotru est incarné par l'excellent Jean Pierre Darroussin qui fait le job honnêtement sans fautes et sortie de route mais dans une figure un brin caricaturale du chef sympa et humain. 

J'ai un peu plus de mal avec l'apprentie clandestine, future infiltrée en Iran, Sara Giraudeau (la fille de) avec sa voix Birkinienne de petite fille assez crispante et qui ne me semble pas vraiment crédible.

Ses coquetteries mises à part, c'est pas mal du tout ce BUREAU DES LÉGENDES  qui tient pour l'instant son pari : l'espionnage c'est du sérieux !


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