dimanche 17 mai 2015


Une petite couleur musicale en intro. Un peu de l'ami Pop et ses Stooges pour vous parler d'un autre Dog. 

De la littérature...

Surement qu'il n'apprécie pas les Stooges et autres chevelus dégénérés, l'Auteur. De la musique de pédales comme il le ferait dire à l'un de ses velus, auréolés de sueur.

James Ellroy.


Que l'on surnomme affectueusement le Dog.

Pas le chien fou fou, mignon, qui penche sa pitite tête pour quémander une caresse.

Non, plutôt l'autre. Moins aimable, 30 kilos de pressions dans les mâchoires et le poil sombre. Chien méchant quoi...

Ellroy n'est pas un mec aimable. A vrai dire il frise dangereusement le "j'suis un bon gros con". Savez... Çui que l'on définit comme politiquement incorrect, qui permet de dire les pires saloperies en s'accordant un frisson de parler vrai de mes testicules...

Ellroy est un foutu réac, admirateur de Reagan et Thatcher et qui vomit copieusement les bobos et les libéraux (au sens américain du terme). Juppé pour lui c'est Che Guevara et Sarkozy un mou de la rotule. 

Mais il le fait bien.

L'enfoiré...

Il déploie ainsi une misanthropie bien charpentée  à travers une oeuvre qui fait date. Il a gravé au burin son nom dans le marbre de la littérature américaine. Que cela plaise ou non.

Il est, je pense, le seul auteur de polar auquel qui a une place au panthéon de la littérature. Et, même, s'il fait genre de mépriser les bravos et les applaudissements laudateur, il adore ça. Je le crois.

Tout comme je pense qu'il en rajoute dans son côté méchant, bave aux lèvres et crocs acérés mais cela n'engage que moi et à vrai dire cela compte peu. Que vaut l'oeuvre ? Voila ce qui compte.

Ellroy a pondu une biblio touffue et on va se consacrer uniquement à son grand oeuvre le Quatuor de Los Angeles. 

Le 15 janvier 1947, dans un terrain vague de Los Angeles, est découvert le corps nu et mutilé, sectionné en deux au niveau de la taille, d'une jeune fille de vingt-deux ans : Betty Short, surnommée "le Dahlia Noir", par un reporter, à cause de son penchant à se vêtir totalement en noir. 

Le meurtre est resté l'une des énigmes les plus célèbres des annales du crime en Amérique.

Bon là... Vous connaissez ce sentiment les aminches ? Quand vous avez un monstre sacré dans les mains, face aux rétines et que vous n'aimez pas. Cela a un petit côté jouissif innocent, presque inconscient. "Je n'aime pas moi. Je ne suis pas dans le troupeau à bêler !"

Aha ! 

Mais pour LE DAHLIA NOIR, c'est loupé. 

J'ai adoré et je trouve que c'est sans conteste l'un des plus magistral roman policier jamais écrit. Un style ample qui n'adopte pas encore le fameux staccato Ellroyen et une intrigue vertigineuse. Il a placé la barre très haut en commençant son quatuor par ce roman. 

Ellroy réussit le tour de force de proposer une solution qui enterre les autres alternatives. Qui a tué Elizabet Short pour de vrai ? Ma foi, on ne le saura sans doute jamais avec certitude mais je sais moi qui a tué Elizabeth dans LE DAHLIA  NOIR et c'est tout ce qui m'importe. 

Z'avez aussi le film  de Brian De Palma. Vraiment bon. Pas aussi extraordinaire que le bouquin mais fidèle et une mise en scène au couteau comme toujours avec De Palma. 

Les opus suivant seront plus faibles même si le fameux LA CONFIDENTIAL est un foutu bon bouquin avec le terrifiant Duddley Smith. Le film est franchement fabuleux et vaut le livre. Egalité parfaite sur ce coup là.

Entre ces deux là s'intercale LE GRAND NULLE PART qui m'est tombé des paluches et WHITE JAZZ, pas terrible çui là, dispensable avec un style quasi télégraphique assez gonflant. Ellroy laisse tomber les verbes et nous balance des phrases qui ne sont parfois que des suites de mots. Vraiment pas terrible.

Voilou les filles. 

Pourquoi ce post ? 

Je viens d'entamer l'ascension du deuxième quatuor de Los Angeles. 

Los Angeles qui est vraiment un personnage à part entière d'Ellroy, entre le dégoût et la fascination. 

Le Los Angeles des années 50, où l'on pouvait s'encrasser les poumons en alignant les clopes comme des bonbons. Où les hommes sont naturellement racistes et où les femmes sont là où on les pose merci. Enfin où les hommes voudraient et croient les poser. Car les femmes sont parfois victimes chez Ellroy, parfois garces, souvent innocentes mais ne sont jamais effacées...

L'ascension (plus de 1000 pages du camp de base au sommet tout de même) disais je du premier volume du deuxième quatuor : 



Ellroy penche sa carcasse décharnée et guère complaisante sur le sort inique réservé aux Américains d'origine japonaise après l'attaque de Pearl Harbour. 

Assassinats. Gros dur au cœur mou. Faux mou au cœur dur. Basané. Lopette et sale Jap au programme. 

Je sais bien que je ne donne pas envie mais j'aime Ellroy, je n'y peux rien. C'est un grand écrivain. Un homme contestable et contesté mais un grand écrivain.

Alors que d'autres...


... sont petits en tout.

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