dimanche 5 avril 2015

"Excusez moi votre bloguerie ?
- Oui Clafoutine ?
- Vous ne proposez pas un titre de post plus chatoyant ?
- Ah... Vois-tu Clafoutine, certaines oeuvre par leur qualité, par leur intensité, rendent un peu vaine cette recherche du bon mot. J'avais pensé intituler ce post "Oranges amères" mais je le trouvais réducteur. Je n'en avais pas envie en fait, de calembouriser mon post.
- Va pour l'Orangeraie alors..."



Amed et Aziz sont frères jumeaux. Deux gouttes d'eau dans le désert. Deux enfants qui n'ont ni smartphone, ni consoles, ni tablettes mais qui sont heureux.

Cela aurait pu aurait durer si un missile tiré depuis l'autre versant des montagnes, celui des ennemis, n'avaient réduit en poussières et cendres la maison de leurs grands-parents.

Le tribut du sang est réclamé. Un immense, un impensable, sacrifice est demandé...






Un récit poignant les aminches. Un livre intemporel, tendu et hanté.

C'est fou ce que certains auteurs arrivent à caser  en 180 pages quand tant d'autres s’échinent inutilement dans de gros pavés sentencieux. 

Larry Tremblay, via une écriture précise, tranchante et poétique, nous bouleverse. 

L'ORANGERAIE est un livre subtil, tout en portraits nuancés, hormis le chef de guerre local prônant la sacrifice mais jamais, ô combien jamais, pour lui même. La nuance lui est inaccessible.

Le père taiseux, perclus de douleur, qui a du ramasser les restes de ses parents pour les enterrer ; la mère douce mais non effacée qui se rebelle contre l'innommable mais s'y soumet in fine ; Amed et Aziz, si semblables mais tellement différents... 

Tous ces personnages s’entremêlent dans une sarabande absurde, un cycle sanglant de frappes chirurgicales (la chirurgie des champs de bataille) et de représailles aveugles. Le cercle infernal de la vengeance éternellement recommencée. 

L'ORANGERAIE est un beau livre, douloureux, instaurant un suspense déstabilisant mais jamais complaisant. Ce livre n'est jamais complaisant. Ni moralisateur. Il ne juge pas. Comment pourrait-on juger : 

"Il était trop facile d'accuser ceux qui commettaient des crimes de guerre d'être des assassins ou des bêtes féroces. Surtout quand celui qui les jugeait vivait loin des circonstances ayant provoqué ces conflits dont l'origine se perdait dans le tourbillon de l'histoire. Qu'aurait-il fait, lui, dans de pareilles conditions? Aurait-il été, comme des millions d'autres hommes, capable de tuer pour défendre une idée, un bout de terre, une frontière?" 

Et pourtant : 

"On ne peut pas tout expliquer. Même la guerre, on ne peut pas l’expliquer quand elle tue des enfants."

Je sais bien que ma présentation n'est point trop sexy. Qu'en ces temps de conflits, de sentences haineuses, on a envie d'emprunter la pente du fun sans prise de tronche. Je l'emprunte bien plus qu'à mon tour. Mais lisez L'ORANGERAIE les aminches. Le monde n'en sera pas changé pour autant mais ce livre vous suivra quelque temps après que vous l'ayez refermé. 

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