vendredi 3 avril 2015


Coucou les aminches.

Si l'on demande de citer le plus grand réalisateur américain, invariablement, on va nous citer Hawks, Ford, Capra...

Stop. L'on précise vivant.

Ok Coppola, Cimino...

Stop, précisons en activité en non en semi retraite voire retiré des péloches.

Ok. Eastwood, oui. Spielberg admettons. Woody Allen mouais pourquoi pas ?. Scorcese alors là que yeeeessssss. Tarantino 'videmment. Nolan ? Heu faut pas pousser mimine dans les fourrés quand même.

Sinon, perso, je lancerai bien un j'ton sur 

David Fincher.
Je mentionnai Christopher Nolan, plus haut. Nolan que l'on cite souvent comme l'héritier direct de Kubrick. Ahem... Ce qui est certain c'est que Nolan est un cinéaste total, à savoir qu'il a la main sur ses films. Il a le fameux directo'rs cut, il peut conclure ses films comme il l'entend, les studios peuvent lui demander de réécrire le dénouement mais ne peuvent pas l'imposer. 

L'air de rien c'est une liberté créatrice qui n'est pas si fréquente.  Dave bénéficie lui aussi de ce fameux director's cut et s'il fallait continuer dans les comparaisons un brin foireuse, j'oserai tenter le parallèle Hitchcock / Fincher.

J'ai vu tous les films de Fincher, je suis assez client, voire franchement fan. Je vous propose donc mon classement hautement subjectif des œuvres du divin Dave.



Débutons par le seul film réellement loupé de Fincher. 

L' homme d'affaire richissime Van Horton est-il pris dans un jeu de rôle haut de gamme ou bien la victime d'une vaste machination ?

La maîtrise formelle de Fincher, son coté glaçant tourne ici à vide. Le manque d'empathie que l'on ressent pour le protagoniste empêche de réellement s’intéresser à son devenir. On s'en bat les baloches à grands coups de portes fenêtres en fait...

Certes, comme Dada n'est point pingouin  les mouvements de caméras sont toujours soyeux et majestueux. Certes Douglas mâchoire carré et antipathie en bandoulière est parfait mais les travellings sur les Mercedes vitres fumées et les manoirs sous la pluie m'ont laissé froid comme un matin normand...



Nous entrons dans le dur les filles.

Une femme et sa fille se réfugie dans une pièce fortifiée d'un appartement (d'une surface habitable avoisinant le tonnage d'un porte  porte avion de bonne taille) durant un cambriolage.


Après l'échec cuisant de FIGHT CLUB (j'y reviendrai), Fincher avait besoin de se refaire la framboise. 


Il accepta donc un pur film de commande. Il y instilla son gout des plans amples et des inventions de mise en scène géniales au service d'un scénario bien faiblard il faut l'avouer. 

Le casting est parfait. Forest Whitaker est fabuleux, comme à chaque fois, et Jodie Foster est l'une des nombreuses femmes fortes du cinéma Fincherien. Voilà l'un des nombreux point de conjonction avec le cinéma du Hitch : la part belle faite aux rôles féminins.

L'un des plus fameux et l'un des plus surcotés si vous voulez mon avis.

Benjamin Button vit sa vie à l'inverse du commun. Il naît cacochyme et rajeunit au fil des ans.

Entendons nous bien, j'aime bien BENJAMIN BUTTON mais je trouve que la critique qui a assassiné Fincher à ses débuts, fait preuve d'un enthousiasme délirant quant à ce film.

Entre un Brad Pitt monolithique et une histoire délayée à l’extrême (rappelons que la nouvelle originale de Fitzgerald ne fait que quelques pages) , Benjamin m' a laissé sur ma soif. Néanmoins, il y des superbes trouvailles et Cate Blanchett. J'adore positivement Cate Blanchett. 

Soulignons en outre la qualité incroyable des effets spéciaux qui vieillissent et rajeunissent Brad avec un naturel époustouflant. 

Bon film donc mais pas le chef d'oeuvre clamé sur les estrades à mon sens.

Prendre la suite de Ridley Scott (le Ridley Scott de l'époque. C'est plus facile maintenant) voire de James Cameron (mouais...). Ce n'est pas rien. Mais Dave relève le gant, je dirais même la papatte. 

Si BB est surestimé, ALIEN 3 est sous coté. L'enfermement et l'ouragan de testostérone sont foutrement bien rendus. Et puis Sigourney, même crâne rasé, est sacrément classe.

Bien sûr ALIEN 3 est moins flippant que le premier (indépassable). Cameron esquive la redite problématique en mettant du n'alien ras la timbale. Dans la moindre coursive, derrière chaque porte. Après l'absence angoissante, le trop plein gore. 

Il ne restait plus beaucoup d'espace pour Fincher qui du coup stylise à donf les magnettes. C'est finalement un Alien racé. Et un dénouement fameux. Nan bonne pioche.


Vous avez vu la version suédoise ? Moi oui. Pas mal mais très en dessous de ce qu'en fait Fincher.

Mikael Blomkvist, brillant journaliste d’investigation, est engagé par un des plus puissants industriels de Suède, Henrik Vanger, pour enquêter sur la disparition de sa nièce, Harriet, survenue des années auparavant. 

Vanger est convaincu qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille. 

Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais enquêtrice exceptionnelle, est chargée de se renseigner sur Blomkvist, ce qui va finalement la conduire à travailler avec lui.

Ce film illustre une autre force du cinéma Finchérien : sa direction d'acteur. Daniel Craig est impeccable et Fincher l’éloigne au maximum des cascades bondissantes Bondiennes. Dépassé, apeuré, Craig est un cérébral mais un bon enquêteur. L'action est dévolue à Rooney Mara, absolument géniale en Lisbeth Salander. 

C'est un foutue personnage que Lisbeth Salander pour ceux qui connaissent la trilogie MILLENIUM  de Stieg Larson. C'est une psychotique, géniale hackeuse et dangereuse. Fêlée (dans tous les sens du mot) mais redoutable. Nomi Rapace dans la version suédoise rendait bien ce coté rebelle asocial mais dans la version Fincher Rooney Mara est carrément barrée et imprévisible.

La scène du viol évacuée dans la version suédoise est montrée cash dans le film de Dave, à la limite du soutenable sans être complaisante. Un véritable tour de force.

Une excellente adaptation d'un super bouquin (le meilleur de la série). Du boulot haut de gamme, excellente finition. Et un générique de toute beauté ! 


Reprise d'Immigrant Song des Zep aussi faut dire !


Le plus Hitcockien des films de Fincher avec LA Blonde. Rosamund Pike fabuleuse...

A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. 

Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. 

Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?


Le big carton ! Gros succès au box office. Notre ami Dave s'est accordé quelques années de répit avec ce hit. Amplement mérité. 

Tout d'abord si Rosamund Pike est terrible (une nomination aux Oscars dans la besace), Ben Affleck est excellent itou. 

Ben Affleck ?! Celui qui a élevé le regard bovin aux sommets, le regard d'un train regardant passer les vaches, le vent soufflant entre les deux oreilles. Après avoir entamé sa rédemption en passant derrière la caméra (plutôt honorablement) , il trouve là un rôle à sa mesure. Un type ahuri, dépassé, un brin concon. Vraiment concon ?

GONE GIRL est le prototype du film Fincherien, chaque plan est pesé, chaque travelling est pensé. Voyez Kustururica les filles et son big bazar foutraque ? Fincher est l'inverse exactement. Le total opposé. Tout dans la maîtrise. Une beauté froide mais non aseptisée. Loin d'être facile à obtenir un tel équilibre...

Bien foutu, bien amené même si on le sent arriver un poil. Et un dénouement grinçant. 

Evidemment. Bien sûr. Le voilà. THE film sur les tueurs en série. La claque. C'est le seul film que j'ai vu où ma voisine, que je ne connaissais point, m'a saisi le genou d'effroi. 

Je la comprends. J'ai de très beaux genoux. 

Brad Pitt est très bon en chien fou et Morgan Freeman entame sa longue carrière de vieux sage humaniste aux yeux doux et profonds. 

Tout y est. Une enquête haletante. Le twist final. Avec un John Doe assassin singulièrement brillant. 


Tout en clair obscur, en couleur or et rouille jusqu'à la nausée, SE7EN est passé dans l' inconscient collectif comme un film référence. le plus célèbre de Fincher. Pas son meilleur à mon sens mais une bonne baffe quand même. Qui n'a pas vieilli mais qui ne se savoure réellement qu'une seule fois. C'est la force et la limite du truc.


L'incompréhension. Le quiproquo. FIGHT CLUB fut un four. Tailladé par la critique qui y voyait un film putassier (ce qui n'est pas totalement faux), le public n'a pas suivi et Fincher a failli ne pas s'en remettre. 

Les ventes Bluray et DVD ont explosé depuis et le rang de film culte est assuré pour les générations à venir.

Critique acerbe de la société de consommation, Brad Pitt et Edward Norton s'en donnent à cœur vif et se mandalent à qui mieux mieux. 

J'ai adoré ce film. Vraiment. 


Un peu moins maintenant mais je ressens toujours un frisson même si je trouve les ficelles un peu visibles et faciles. 

FIGHT CLUB reste un foutu bon film et un twist final démentiel que je défie quiconque d'avoir vu venir. 





Fini le flower power. 

Enterrés les hippies.

On clôt la parenthèse enchantée et on oublie le love and peace.

Charles Manson et le tueur du Zodiaque ont sonné le glagla des seventies. 
Fincher saisit admirablement la fin d'une époque et fait un boulot fantastique de reconstitution des années 70 sans verser dans la caricature. 

Grand, très grand film sur la traque d'un tueur aux motivations obscures, qui nous épargne le charabia psychologisant habituel et les fulgurances intellectuelles lassantes des profilers télépathes. 

ZODIAC retrace aussi une époque où les services de police d'un comté à l'autre s'ignoraient soigneusement, où les test ADN n'existaient pas, où la graphologie était reconnue aussi fiable qu'une équation du premier degré. 

On a peine à s'imaginer l'impact sur la culture américaine du tueur du Zodiaque, la panique qui s'empara de la Californie à l'époque, de la postérité qui en découlera, Scorpion le tueur taré du premier inspecteur Harry est directement inspiré du tueur du Zodiaque.

Le tueur du Zodiaque ne fut jamais choppé et le film joue admirablement de cette frustration même si, je vous rassure, un coupable est quasiment désigné mais nous ne saurons jamais vraiment...

Beau trio d'acteurs.

Downey Junior nous livre sa partition habituelle de nervosité rentrée cool et débit mitraillette. Il le fait bien mais il le fait tout le temps. 

Marc Ruffalo est très bon dans le rôle de l'inspecteur chargé d'arrêter le Zodiac. Véritable star de la Police de San Francisco (il inspira Mac Queen pour Bullit), son échec ternira durablement son aura et faillit lui coûter sa carrière. 

Jack Gyllenhaal souffle, quant à lui, une composition subtile d'un journaliste obsédé, littéralement possédé, à la limite de l'autisme. 

Grand film d'enquête qui rappelle les belles heures du cinéma de Lumet, ZODIAC est un grand long métrage, qui n'a pas eu le succès escompté. 

Avec une bande son les aminches. 'Tin la musique de cette époque..!

Le film qui m'a inspiré ce long post. Que j'ai revu dernièrement et que je considère comme l'un des grands films ricains de ces dernières années.

J'avoue bien volontiers les filles que je suis une tanche intégrale en ce qui concerne les réseaux sociaux, que je me méfie énormément de Facebook, que je considère comme profondément aliénant en vérité.

Le film de Fincher ne m'a pas confortablement conforté dans cette vision, ce n'est pas un film uniquement à charge, Marc Zuckerberg n'est pas que le sale con égoïste montré sur la toile. 


Les autres ne valent guère mieux. Les jumeaux champions d'aviron, bien nés et méprisants, baisés jusqu'au trognon par Zuckerberg, je ne les plains guère.

Je n'entrave rien à l'informatique en général et en particulier mais j'ai  énormément kiffé THE SOCIAL NETWORK  qui est une tragédie shakespearienne, une comédie bouffonne, une étude de mœurs et un grand film de suspense. Cela m'a fait penser à cet excellent film sur le Baseball LE STRATÈGE avec Brad Pitt. Si vous entravez que dalle au Baseball, ce n'est pas grave, personne n'y pige rien.

C'est pareil avec les lignes de code de FACEBOOK. Ce qui compte c'est les relations humaines. Le casting est impeccable. Jesse Eisenberg est parfait en Zuckerberg, rien à dire. Une mention spéciale à Justin Timberlake en inventeur de Napster qui va s'accrocher au train, qui va symbioter et parasiter le tout. 

Ce film est formidable, pas uniquement à charge, pas complètement à décharge, subtil et profond.

 Du pur cinoche !

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