mercredi 8 avril 2015


Bonjour les aminches.

Depuis peu, embarqué dans les prémices d'une confessionnite aiguë, s'étalant impudiquement, je persiste dans la recension de mes carences...

Après avoir avoué une brêlitude (10 sur l'échelle du fusain) en dessin, je dévoile sans détours une incommensurable nullité crasse envers les mathématiques..

Je suis une réelle tanche, j'ai culminé à moins de 5 sur un trimestre en mes lointaines études secondaires. Les mathématiques me sont autant étrangères que le hardcore SM à une amibe.

Pourtant les mathématiques (et les sciences dites dures, pour lesquelles je n'ai pas plus d'appétence) me fascinent. 

[J'ai le même syndrome concernant les échecs, je suis un piètre joueur mais le monde des grands maîtres me subjuguent.]


Si les équations et autres études fonction me semblent un sabir obscur, quasi occulte ; je suis émerveillé, troublé par les mathématiciens. La pure spéculation, les réflexions abstraites, détachées, sont curieusement connectées à notre monde à nous, le vulgus.  Ils témoignent d'une imagination sans limites, d'un éveil au monde, contrairement au préjugé commun.

Un qui bat en fraîche le préconconçu est Évariste Galois



Mathématicien de génie...

"Il n'en demeure pas moins qu'Evariste, très vite, gravit la Montagne des mathématiques; et très vite il fut au sommet, avec Thalès, le père, et sa cohorte de fils, Archimède, Fermat, Newton, Euclide."

... L'un des plus grands penseurs de son temps et de ceux qui vont suivre. Évariste mourut jeune, révolutionnaire putatif, républicain fervent, amoureux transi ; il a peu vécu mais foutredieu il a vécu !

Un jeune joueur de hockey sur glace retraité (sic !) s'empare du fulgurant destin d’Évariste et en tire un étonnant premier roman.




À quinze ans, Évariste Galois découvre les mathématiques ; à dix-huit, il les révolutionne ; à vingt, il meurt en duel. 

Il a connu Raspail, Nerval, Dumas, Cauchy, les Trois Glorieuses et la prison, le miracle de la dernière nuit, l'amour et la mort à l'aube, sur le pré. 

C'est cette vie fulgurante, cette vie qui fut un crescendo tourmenté, au rythme marqué par le tambour de passions frénétiques, qui nous est ici racontée.




Je ne sais quel joueur de hockey fut François Henri Désérable. Je continue mon déballage éhonté en déclarant que je m'en contrefous, et ce dans des proportions proprement cosmiques, du hockey sur glace.  

Mais revenons à François Henri. Je pense qu'il fut un hockeyeur virevoltant et non "le boucher des patins" ou "le briseur de rotules". Si l'on se réfère à son style littéraire, François Henry fut surement un patineur adepte du dribble chaloupé et du beau geste, parfois même celui de trop.

J'ai souvent dit que l'écrivain c'est le style et FH a du style. FH n'écrit pas "ce n'est pas possible" mais "cela ne se peut". Il écrit en virtuose FH et il le sait. Enfin je le crois. Il se regarde écrire pour tout dire. Certaines pages, cependant, sont saisissantes : quand en 2 ou 3 paragraphes FH nous explique la révolution française par exemple. 

FH digresse beaucoup. Son ÉVARISTE, avant d'être un portrait est surtout un roman sur l'humeur d'une époque, sur l'hubris des trois glorieuses qui déposèrent Charles X et assirent Philippe (t'a qu'à croire) Egalité. 

Ainsi FH prélude par Dieu himself, le Vieux, qui d'un claquement de doigt  big bangue l'univers. Delacroix, Nerval, Dumas et quelques autres plus terriens défilent  aussi en rang serrés. Il nous claque itou quelques anachronismes parfois agaçant, souvent pertinents, agrémentés de réflexions personnelles pas si idiotes mais qui parasitent le récit. 

"Sauf qu'aujourd'hui ce n'est plus à l'aube et sur le pré que l'on règle ses différends : on poste des tweets assassins, on s'insulte sur Facebook, on divulgue des "sextapes", bref, c'est "online" que désormais tout se joue." 

Il finit quand même par revenir à son sujet Evariste Galois et son "Mémoire sur les conditions de résolubilité des équations par radicaux" auquel il n'entrave que pschitt (tu m'étoooooooooooooooonnes !) mais se focalise surtout (et c'est tant mieux) sur sa courte et mouvementée trajectoire.

François Henri est un peu l'inverse de King (j'y reviens, navré) qui par son style à plat, sans effets, nous immerge dans l'histoire. La virtuosité, l'agencement brillant des phrases, l'empilement parfois un brin ridicule de mots savants éloignent au contraire Évariste.

L'on est souvent amusé, parfois ébloui, c'est vrai, devant la symphonie déployée mais on ne fait que survoler la vie d'Evariste dont on ne sait pas grand chose il est vrai. Le plaisir de lecture est présent mais tourne in fine à l'exercice de style un peu vain. Heureusement la brièveté du livre, 164 pages seulement, évite l'agacement durable et permet la dégustation et non l’écœurement.

Néanmoins, si vous souhaitez un livre qui vous plonge dans la vie et la psyché d'un pur mathématicien, tentez plutôt : 

Vous saurez alors pourquoi : 

"Le mathématicien est un aveugle dans une pièce noire cherchant à voir un chat noir qui souvent n'est pas là."

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