dimanche 15 février 2015

"Vous ne racontez jamais votre passé votre Bloguerie. 
- Il y a peu à dire Clafoutine. Par exemple, mon expérience sous les drapeaux.
- Z'avez fait l'armée Votre Bloguerie?
- Ouaip Clafoutine. Dans les transmissions. Pas exactement des guerriers commandos de l'extrême. Si il y a un pastis en ligne de mire par contre. je me souviens qu'un matin, je devais porter un message flash à mon adjudant, un télégramme quelconque d'une importance stratégique avoisinant le QI d'un lombric. J'arpente la caserne, personne dans les bureaux. Je me demande où ils sont tous passé. Je croise un clampin comme moi et je lui fait part de mon interrogation légitime. "C'est l'heure du Z" qu'il me dit.
- L'heure du Z ?
- Oui Clafoutine. Tous les sous off, officiers, et hommes du rang, massés sur les chaises en plastique du foyer à regarder bouche bée DRAGON BALL Z au Club Dorothée. Ma première expérience du manga.
- Le Club Dorothée ? 'Tin z'êtes 'ac'ment vieux !
- ..."

Cette anecdote est véridique. Et si je m'en étais arrêté là, je nourrirais encore une légère prévention envers les

Bonjour les aminches.

aujourd'hui nous aborderons un genre qui n'a pas une bonne réputation. Du moins autour de moi, peu de gensses goûtent cet art venu du Soleil levant. Le Manga. 

Tout un monde le manga. Je ne vous referai pas ici l'historique, les différentes typologies. D'abord parce que cela excède mes maigres compétences et connaissance, ensuite parce que vous pouvez wikipedier si vous le souhaitez. 

Nan je vais plutôt vous parler de mes coups de coeur et pour cela je dois effectuer un distinguo entre le papier et la péloche. Entre les livres et les animes. 

Bon. 

Commençons donc par le King des mangas, la référence qui écrase tout : 

2030. Néo-Tokyo est devenue une gigantesque poubelle hi-tech. Tetsuo, Kanéda et leur bande de jeunes du centre d'insertion et d'apprentissage professionnel foncent dans la nuit sur des motos volées, sans autre but que de repousser toujours plus loin les limites du speed. 
Quand ils croisent un drôle de petit garçon au visage de vieillard, leur premier réflexe est de l'agresser mais cette créature perdue possède un étrange moyen de défense... 
Ils viennent de faire connaissance avec le nº26 et de franchir, sans s'en rendre compte, la première étape d'un processus irréversible : le réveil d'Akira...

La star du Manga. Le Victor Hugo du manga, le Spielberg du... Z'avez saisi le concept. 

J'ai lu la saga papier, une dizaine de volume et le film condensé qui en est tiré. 

Mieux vaut lire les livres, la tension et l'histoire se déploie plus majestueusement (dix ans de publication tout de même) et les raccourcis du film, pour faire tenir cette décade de travail en 2 heures, se voient un poil.

C'est vraiment pas mal AKIRA dans mon souvenir. Violent comme souvent dans les mangas, SF et complot tout azimut, assez récurrent itou. 

Mais c'était novateur à l'époque. 

AKIRA est le socle pour toute une flopée de mangas, violents,  SF et mystère ténébreux et un dénouement sensé te retourner le sloub ! 

Ce manga nous évite les grands yeux noyés de larmes et discours plombant qui durent, mais qui durent...

J'ai bien aimé mais ce n'est pas mon préféré. Certains diraient incontournable mais on peut très bien le contourner... 

14 tomes. Efficaces et plaisants. 

Mon expérience somme toute limitée, se divise, comme je le claviotais,  entre les animes et livres se lisant à l'envers. En effet, contrairement aux années 90, explosion du manga en France suite au succès d'Akira, les livres se présentent maintenant (pour la plupart) sous la forme japonaise, à savoir une lecture de droite à gauche. Le goût du roots en somme....

Au niveau anime,[hors les films de Mayakazi : CHIHIRO, PRINCESSE MONONOKE et autres CHÂTEAU AMBULANT, que j'ai un peu mal à catégoriser en mangas puisque je trouve ces films  (dont je suis souvent preneur) universels] nous avons les séries télévisées, plusieurs saisons au compteur. 

Par exemple : 



Plus de cent ans avant le début de l’histoire, des créatures géantes humanoïdes nommées Titans sont subitement apparues et ont pratiquement anéanti l’humanité entière. Ces créatures géantes font habituellement entre trois et quinze mètres de haut, avec quelques exceptions comme le Titan Colossal qui en mesure soixante. 

Le fait qu’ils dévorent les humains est instinctif : en effet, ils n’ont pas besoin de se nourrir car ils survivent en absorbant la lumière du soleil, bien que certains Titans puissent être actifs de nuit. Ils ont la peau dure, des capacités régénératrices et ne peuvent être tués que par une incision profonde à la base de la nuque.

Le récit, centré autour du personnage d’Eren Jäger, raconte alors le combat mené par l’humanité pour reconquérir son territoire, en éclaircissant les mystères liés à l’apparition des Titans et la faculté de transformation  en Titan développée par certains humains.

LES TITANS est un shonen, à savoir un manga qui s'adresse plutôt à un public masculin ado de 16-17 ans. Et il est vrai que L'ATTAQUE DES TITANS peut plaire aux jeunes Japonais. Le sous texte social est assez transparent, tout comme les jeunes héros de l'anime, la jeune génération a peu de chance de se réjouir entre un chômage galopant et une société conservatrice étouffante.

Cela dit, on peut aussi se divertir quand on est un quadra européen moyen,  savourer le pitch, l'animation précise et fluide, les scènes de combat qui ont un côté Spiderman contre des géants. 

En revanche, les poncifs du genre sont bien présents : les discours pompeux, les grands yeux qui te bouffent la moitié de la face et qui se replissent de larmes une scène sur deux. Et la voix off, retraçant les pensées, absolument peu crédibles, des personnages...

Mais le positif l'emporte sur le négatif, cela se révèle vite addictif et bordelum, quelle est donc l'explication de ce WTF généralisé ?! Un chouette plaisir coupable.

Vous pouvez aussi bien sûr monter dans les tours et hausser la barre qualitative : 





Kenzo Tenma est un médecin japonais travaillant en Allemagne. En 1986, il décide de sauver la vie d'un jeune garçon, désobéissant ainsi aux ordres de son directeur qui lui demandait de sauver en priorité celle du maire de la ville. Quelques jours plus tard, le directeur et deux autres responsables de l'hôpital sont empoisonnés. 

Neuf ans sont passées, en 1995, un évènement similaire se produit et oblige Tenma à fuir. Sa fuite et sa quête de justice vont l'amener à découvrir une horrible vérité. Le jeune garçon qu'il avait sauvé dix plus tôt est en fait un véritable monstre : un être brillant, beau, mais avant tout un terrifiant tueur... 


74 épisodes les aminches, qui passaient à l'époque (2005 environ) sur Canal, en été. Je les enregistrais sur K7 et les matais le soir. Les 74. Autant vous dire que cela m'a scotché MONSTER. Brillant, un p'tit côté FUGITIF dans la campagne bavaroise : d'où vient Johan, quel est le but de tout cela ? 

Un dénouement apocalyptique et particulièrement ironique. Une excellente pioche. Et un bon souvenir.

Bien sûr, 74 épisodes c'est beaucoup. Si vous voulez tenter un one shot, un film, prenez çui là, sans hésiter : 





L'agent Motoko Kusanagi fait partie de la Section 9, force spéciale de la police. C'est une femme cyborg dotée d'un Ghost, un esprit humain. 

Un mystérieux cyberpirate pénètre les réseaux informatiques les mieux protégés. Kusanagi et son équipe partent à sa recherche. 

Ils suspectent le ministre des affaires étrangères…





Nous touchons là au top du top. C'est un Seinein, un manga pour adulte qui se présente sous un immuable trio : 

- le sérieux. on est pas là pour rigoler. pas de second degré. Et ce n'est pas plus mal dans ce genre d'univers qui pourrait vite s'auto parodier. On évite cet écueil.
- la violence. les têtes explosent, le sang gicle, on ne rigole toujours pas.
- la nudité. Les jeunes filles présentent des capacités pulmonaires indéniables, une plastique irréprochable et prennent de longues douches...

Mais l'histoire de GHOST IN THE SHELL est franchement vertigineuse et la réalisation est fluide. On passe un excellent moment si on passe le kitch des musiques, véritable choc des cultures.

J'en ai visionné quelques autres (PERFECT BLUE, WONDERWORLD etc) mais je pense que le manga, avant tout, c'est le papier, le fusain et les bulles. 

J'ai déjà parlé du dyptique ALL YOU NEED IS KILL dont on a tiré l'énième bouse bisannuelle de Tom "je suis scientologue mais je ne me soigne pas" Cruise. Depuis j'ai enquillé MR NOBODY, pas mal mais un trait imprécis, certains dessins sont obscurs et une histoire du même qualificatif. 

Nan, tentez plutôt PROPHECY : 



La section de lutte contre la cybercriminalité de Tokyo est sur les dents. Un individu coiffé d’un masque en papier journal poste sur Internet des vidéos menaçantes où il prédit les pires crimes : incendies, agressions, viols... 


Le problème ? Dès le lendemain, ses prophéties se réalisent à la une des journaux télévisés. 



Qui est-il, comment procède-t-il, quelles sont ses motivations ? C’est le début d’une course contre la montre qui mène les inspecteurs jusqu’au siège vide d’un cybercafé de la banlieue de Tokyo. 


Mais tandis que l’enquête piétine, contre toute attente, le soutien populaire grandit autour du mystérieux Personnage. Marginaux, employés tyrannisés par leur hiérarchie, internautes qui hantent les forums de discussion : ils sont de plus en plus nombreux à se retrouver dans son combat...


Je vous l'avoue les filles, je suis une tanche en ce qui concerne les nouvelles technologies. Et j'en connais certain(e)s qui ne seront pas surpris(e)s voire ricaneront discrètement. J'avoue même une certaine réticence devant les réseaux sociaux. Je considère, ma foi, que Twitter est le cyberespace de la vacuité intellectuelle la plus totale de certains addicts qui ne peuvent s'empêcher de partager la moindre de leurs fines observations.

Le manga PROPHECY base toute son intrigue sur l'explosion de ces réseaux, sur le rôle du net comme tribunal immédiat, anonyme et implacable de la plèbe connectée. Le cybercriminel Paperboy prend à témoin les internautes et suscite leur complicité jusqu'à l'écoeurement. 

PROPHECY est un foutu pageturner, hautement addictif, on saute de case en case jusqu'au dénouement. D'une capillotraction assez prononcée tout de même. 

Vraiment bien. Trois petits tomes en outre. Ce qui n'est pas toujours le cas dans une industrie qui privilégie les séries interminables.

Voilà les aminches. 

Si vous trouvez ce post bien trop long, oubliez ce qui précède si vous le souhaitez, mais ne partez pas tout de suite, restez un peu, pour ce pur chef d'oeuvre : 





Transporté dans la peau de l'adolescent qu'il était à 14 ans, Hiroshi redécouvre son passé en questionnant sa famille et ses amis. 

Il le revit également, et lorsque le jour approche où son père a disparu sans explication.

Hiroshi se demande s'il peut changer ce passé ou s'il doit le revivre, impuissant.


Un chef d'oeuvre. Du manga. De la BD. De la littérature.

Un manga adulte, émouvant, sensible et profondément humain. 

Je l'avais lu, il y a une petite dizaine d'année et je l'ai relu dernièrement. Et sa mélancolie, son sens du détail et du récit m'a encore empoigné. 

Ne cherchez pas là d'enquête policière, de combats épiques mais une chronique douce amère, familiale, enthousiasmante et haletante (aussi) sur le retour en enfance, d'un quinquagénaire paumé. Quinqua qui revit avec émerveillement son enfance, la joie de retrouver un corps souple et plein de vie, de retrouver ces amitiés, ces amours que l'on croit inoubliables et qui s'effacent...

Le trait est précis, le ton est empli d'une douce gravité, d'une grande poésie :



Si vous ne voyez pas d'anime, pas grave. Si vous ne lisez pas de manga, pas grave. Mais ouvrez QUARTIER LOINTAIN et vous vous sentirez alors privilégié(e)s.

Magnifique bouquin ! 

Que peu de militaires, présents ces matins là au foyer casernal, ont dû lire...

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