jeudi 27 novembre 2014


Coucou les aminches. 

Revenons donc un peu sur un phénomène légèrement ignoré, j'aurais même tendance à dire ostracisé.

Les zombis.

"'Tin c'est une blague ?!
- Oui Crepochocolo c'est une blague.
- Ah ok, pardon votre bloguerie..."

Bon. Donc les zombis. Il y a la tendance dure et largement majoritaire : le demeuré à l’électroencéphalogramme plat, très plat, plus plat que plat, en mode Sarkolâtre acharné. 

Le mort vivant qui erre en beuglant des gnééééé (quand sa mâchoire et toute la boutique attenante sont en état de marche), qui ne pense bouge encore que pour dévorer du vivant en sushi, en tartare, sans cuisson. 

Dans ce cas de figure, le zombi n'est qu'un élément du décors, certes important mais il n'est là que pour ajouter de la tension à la panique et expliquer le merdum ambiant. C'est le cas de WALKING DEAD, les films de Roméro (bien que pour ces derniers on peut en faire une lecture bien plus politique) et autre WORLD WAR Z.

Mais ces derniers temps une autre école, plus douce, se fait jour. Le zombie est une être pensant, conscient. IN THE FLESH, épatante et sensible série anglaise en est un excellent exemple.

Le mort vivant est au centre de l'intrigue et est l'acteur (du moins il essaye) de son propre destin. Le zombi dans cette optique est de fait une minorité exécrée et victime d'un préjugé largement défavorable. Comme dans ce diptyque génial de l'écrivain SG Browne.

Andy vit en paria depuis sa résurrection spontanée après un accident de voiture. Ce nouveau zombie n’a pour morne horizon que le cellier familial, où il cuve les grands crus de son père, et ses réunions mensuelles aux Morts-Vivants Anonymes.

Mais lorsqu’un zombie solitaire l’initie aux bienfaits régénérateurs de la chair humaine, Andy décide de lutter pour ses droits civiques. 

Débute alors un voyage improbable qui le mènera de la morgue aux plateaux d’Oprah Winfrey. De la SPA reconvertie  au rôle de porte parole de la cause zombie...

Voyez vous les filles, ce livre m'a heureusement surpris. je m'attendais à une grosse poilade et je me retrouve avec un bouquin sensible, intelligent et drôle, très drôle. 

Andy Warner est le héros de cette épopée, il se réveille d'entre les morts et se retrouve dans l'état de sa mort, un accident de voiture. une cheville en vrac, une épaule luxée, le corps en capilotade et impossible de parler. Le parfait candidat pour le casting du zombi hollywoodien. Cependant, Andy est un un être pensant, conscient. Mais laissons Andy se présenter lui même : 

"Je m’appelle Andy Warner et je suis un zombie.
Ce n’est pas quelque chose qu’on est vraiment prêt à admettre. L’alcoolisme, l’addiction sexuelle, les problèmes de jeu… Ça oui. Ils sont indissociables de la condition humaine. Mais jamais vous ne prévoyez de vous réveiller un jour avec un cathéter dans la carotide et vos cavités bourrées de fluide conservateur d’autopsie.
Se réveiller d’entre les morts demande un gros effort d’ajustement. Un peu comme traverser la puberté, sauf qu’on ne se débarrasse jamais totalement de l’acné ni de l’odeur"

COMMENT J'AI CUISINÉ est tout d'abord un roman d'apprentissage, de lutte et d'amour. 

D'apprentissage car se réveiller zombi est un combat, on doit penser à gérer un corps qui se décompose inexorablement (enfin il y a bien une solution radicale mais nous y reviendrons). Les zombis se gavent ainsi de tout le formol qu'il preuve trouver dans les shampoings, lotions etc. 

"Être un mort-vivant n’est pas une tâche aisée. Sans même parler des insultes et de l’absence de droits sociaux, on n’est jamais préparé à devoir gérer le quotidien d’un cadavre réanimé. 
Si vous n’avez jamais eu à subir une invasion d’asticots tandis que votre cerveau se liquéfie et bouillonne en vous jaillissant par les trous de nez, les oreilles et la bouche, alors vous ne pouvez pas comprendre." 

Ce "vous ne pouvez pas comprendre" revient tel un mantra dans l'oeuvre de SG Browne et la force de SG c'est que, bien au contraire, il nous fait comprendre, il nous donne à voir une lutte pour les droits civiques des zombis, un véritable combat que va mener Andy envers et contre tous, contre les respirants...

"Merde, il y a un siècle de cela, les femmes n'avaient pas le droit de vote. Dans les années 1940, les Américains d'origine japonaise étaient raflés et internés dans des camps. Puis est arrivée la lutte pour les droits civiques des gays et des lesbiennes. Au début du siècle, conséquence du 11 septembre, les musulmans sont persécutés et arrêtés sur des critères purement raciaux.
Les zombies sont les derniers de cette longue liste à être opprimés par une élite au pouvoir. Ce qui n'a jamais empêché les minorités d'exercer leur propre forme de discrimination à notre encontre, et cela donne à toute l'affaire une logique proche d'un film de David Lynch."

SG est un quadra sémillant, biberonné au rock, et son écriture s'en ressent, c'est fin, drôle, carré et sans fioriture. 

Tintin sans Milou : SG Browne.
Il pratique un humour à froid, noir (vraiment noir) et parfois hilarant. 

La culpabilité d’Andy d'avoir démembré ses parents se mêle ainsi à sa fierté d'avoir impeccablement calé les différentes parties des corps parentaux dans le frigo...

C'est aussi un livre d'amour, la romance d'Andy avec Rita autre cadavre pensant est, et bien disons le, émouvante et crédible. Ils s'aiment ces deux là et nous sommes clairement de leurs côtés. Même quand ils se livrent au cannibalisme ! Cet ingestion de chair humaine améliore en effet grandement leur condition et les guérit des fractures  des sutures etc. Andy retrouve également son élocution : 

"C'est encore rudimentaire, mais tout ressemble à une amélioration quand votre vocabulaire n'a consisté qu'en grognements et autres cris qui élèveraient Leatherface - le tueur attardé de Massacre à la tronçonneuse - au statut d'universitaire renommé."  

Non vraiment une foutue trouvaille que ce bouquin, un délice de lecture que j'ai prolongé immédiatement (ce que je fais rarement, ce n'est pas dans mes habitudes de lecteur compulsif) avec : 


Pauvre Andy Warner. L’ex-star contestataire des morts-vivants a passé une année entière soumis à des tests expérimentaux dans un laboratoire de recherches sur les zombies dans l’Oregon. 

Heureusement, un miracle se produit : à quelques jours de Noël, il parvient à s’échapper et fausse compagnie à ses poursuivants en enfilant un costume de Santa Claus. Le déguisement parfait… 

À deux réserves près : des collègues de décomposition le reconnaissent et exigent de lui qu’il soit leur chef ; et une adorable fillette solitaire le suit partout, convaincue qu’il est vraiment le père Noël…

L'on retrouve Andy en fâcheuse posture. 

"Si vous n'avez jamais repris connaissance dans une ferme de cadavres, vêtu d'un costume de Père Noël, la cervelle explosée à l'arrière de votre crâne, alors vous ne pouvez pas comprendre."

Toujours aussi cynique, toujours aussi jouissif. Ce deuxième tome est un poil en dessous du premier, la surprise n'y est plus. Par tronque la relation entre Santa Andy Claus et la petite Annie est émouvante, par petites touches sensibles. 

Il a encore réussi son pari SG et on est à deux pieds de manifester et de se joindre à La Zombif pour tous ! 



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