vendredi 5 septembre 2014




"- Crépochocolo, qu'est ce que c'est que ce..?
- Je n'ai pas trouvé d'ethnologues votre Bloguerie. C'est ce qu'il y a de plus approchant...
- Des cochons ?!!!
...
- Hors de ma vue, Crepochocolo, hors de ma vue avant que..."

Ahem...

Bien le bonjour Mesdamessieurs, aujourd'hui nous parlerons d'un livre majeur de la SF. Considéré comme un grand classique et que je n'avais point encore lu.

Dans le futur, Genly Ai, un Terrien, est envoyé sur la planète Gethen (alias Nivôse) pour tenter de convaincre ses gouvernements d'adhérer à l'organisation interplanétaire qui réunit différents systèmes stellaires autour d'échanges commerciaux. 

Seulement les conditions climatiques de Nivôse sont très difficiles, et la situation politique est tendue ; les gouvernements ne semblant pas très motivés par l'adhésion à l'organisation des planètes unies.

Genly se trouve alors immergé dans une société très étrange. Ici, les humains ont connu une évolution génétique sensiblement différente : ils ne sont ni homme ni femme, mais un peu des deux. 

L'absence de genre n'est pas le seul élément de cette société, c'est un monde complexe : le décompte du temps, le système politique, les relations familiales sont différents ; les conceptions des choses elles-mêmes le sont.

Genly a du mal à comprendre cette civilisation, et surtout à s'habituer à ce que ses interlocuteurs soient à la fois des "il" et des "elles". En contrepartie, lui, bloqué à leurs yeux dans une phase hormonale qui le maintient du côté masculin de son organisme, passe aussi pour un monstre.

Mais sa mission l'entraîne dans une traversée du pays dans des conditions très difficiles, poursuivi par un gouvernement qui le voit comme un danger.

Très curieux livre les aminches, blindé ras la timbales de trouvailles, de belles idées et de quelques clichés. 

La plus belle de ces idées est assurément le fait que les habitants de la planète où se situe l'action du roman sont asexués. 

Vous m'direz que nous aussi terriens...



Mais ce n'est pas là une ambiguïté sexuelle, génialement entretenue ou non, mais une absence de genres, pas de femmes ni d'hommes. 

L'enfer, le cauchemar absolu ?

Au pilon, au bûcher !! Brûlez ce livre et brûlez ses cendres ! Agh argh argh..!
Bref les Nivosiens se se définissent qu'en période d'accouplement, de rut, le Kemma et choisissent alors s'ils sont hommes ou femelles. Ils varient de l'un à l'autre au cours de leur vie. 

Très belle idée que ce Kemma. L'auteur déroule sur plusieurs pages une réflexion intéressante sur ces êtres non sexués qui regarde l'envoyé des étoiles, avec son attirail reproductif en permanence accroché à son entrejambe, comme l'étrangeté ultime. 

L’originalité du livre d'Ursula le Guin s'inscrit dans ces pages où une analyse sociétale, ethnologique se  développe. On se prend parfois à imaginer un Claude Levi Strauss du futur. 

Je me demandais souvent s'il avait lu LA MAIN GAUCHE DE LA NUIT et ce qu'il en avait pensé.

Le désarroi du héros face à cet impensé d'êtres totalement exempts des traits  de caractère se rattachant au sexe est singulièrement rendu dans les phrases de ce court et dense récit. 

Le problème c'est ce que l'auteure semble croire se rattacher à la masculinité et à la féminité.

LA MAIN GAUCHE DE LA NUIT  est l'oeuvre d'Ursula Le guin.


Bonjour mamie Madame
On est en 1969 les filles. Mets une fleur à tes cheveux, laissons entrer le soleil et allons tous à la maison bleue, là-haut sur la colline.




LA MAIN GAUCHE DE LA NUIT ne peut se soustraire à ce contexte et transpire un idéalisme et une foi en la bienveillance humaine et ce n'est pas gênant  nan, car ce livre n'est aucunement gnan gnan naïvo-sirupeux. 

L'’étranger  le nouveau venu des étoiles est un envoyé de l'Ekumen, vaste organisation de planètes. Dans mon résumé plus haut je mentionnais que les échanges commerciaux sont le principal but de l'Ekumen, je dirai en fait qu'ils sont un effet collatéral. L'Ekumen ce serait plutôt un vaste creuset commun de connaissances apportant le progrès, la reconnaissance mutuelle. 

Tout cela en respectant les coutumes locales si elles répondent à un minimum de garanties de justice, d'équité etc...

L'Europe quoi, mais l'Europe qui aurait mis ces prérogatives d'équité et de justice au dessus de ses impératifs économiques. 

L'Ekumen c'est aussi la fin du nationalisme borné puisque l'Ekumen ne s'adresse qu'à des planètes unifiées et sans frontières. 

Un Europe rêvée ? Ursula l'a fait et l'a imprimé. Aucunes chances que cela advienne mais c'est plaisant à lire.


Mais je m'égare merdum... 

J'en étais à la virilité virile et la douce féminité. Nous sommes en 1969 les aminches. les femmes brûlent leurs soutiens gorges et prônent la pilule. 
We can do it !
Ursula est considérée comme une féministe et elle l'est assurément mais elle enfile certains clichés comme d'autres les catastrophes sondagières. 

par exemple, les femmes sont des adeptes du Care, douces, attentives et étrangères à toutes formes de violences. 

Bien, bien... 

Bon Imelda Marcos, Margaret Tatcher,  Jiang Qing et quelques autres sont sans doute des égarement génétiques, des anomalies biologiques. J'ai un peu de mal avec cette essentialisation abrupte. 

l'indifférenciation sexuelle est aussi l'occasion d'une philosophie convenue sur la guerre comme une sublimation sexuelle, du fait que les hommes aiment bien sortir leurs gros missiles. Moui... mais c'est pit-être un brin plus complexe. 

Bon là j’exagère un peu car c'est le héros Genly Aï qui parle. Difficile de savoir si c'est Ursula qui pense ainsi où si c'est juste son personnage. Dans les fiction  habituellement, je trouve ce procédé assez transparent et sait assez vite si l'auteur pense ou non comme son personnage. Je suis ainsi convaincu que Houellebecq est un misanthrope aigri mais la distinction est plus ardue pour Ursula. 

Ainsi plus loin elle assène : 

"son visage et son corps avaient une mobilité une vivacité, une délicatesse toutes féminines, mais jamais une fille n'aurait pu garder ce silence inflexible"

Ursula déplore t-elle réellement que les femmes ne sachent pas tenir leur langue et soient d'incontinentes pipelettes ou s'amusent t-elle des invariants machistes ? 

A vrai dire ces quelques réserves ne m'ont pas empêché d'apprécier ce livre d'aventures, la dernière partie sur une épique traversée glacière est particulièrement réussie. 

Aventures, découvertes et pensée philosophique font de cette MAIN GAUCHE DE LA NUIT, une oeuvre à part et qui vaut largement son statut. 

En plus, ça me laisse le champs libre pour mon nouveau CARRERE..!

"
-'Tin, tu sais quoi Caramela ?
- Votre Bloguerie ?
- Le mieux dans ce post c'est encore ces cochons dans l'espace. Misère..."

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