dimanche 4 mai 2014

Bonjour. 

Je suis un écrivain reconnu de science fiction, fantaisy, littérature pour enfant et ado. J'ai remporté plusieurs fois le prix Hugo récompensant le meilleur livre de SF de l'année et trusté la liste des best-sellers

J'ai aussi écrit une série télévisée, très gros succès, que j'ai magistralement adaptée en roman. Je suis en outre reconnu pour avoir donné ses lettres de noblesse aux Comics, les avoir fait basculer de la branlette intellectuelle pré pubère à la littérature pour adultes responsables. 

En plus j'suis plutôt beau gosse : 


J'ai un faux air de Gambit de CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR non ?
Je suis pétri de talent or donc franchement agaçant. Je suis, je suis...

Neil Gaiman.

Bon les filles. J'ai longtemps reculé pour pondre ce post. Pourquoi ? La flemme. Passque cette chronique va être touffue, vu ma longue et ancienne appétence envers les opus régulièrement et obligeamment fournis par cet Anglais industrieux.

Ah Neil, Neil... J'ai beaucoup lu Neil, il ne m'a jamais déçu. Il a cette façon si particulière de faire irrupter le merveilleux dans le quotidien comme si de rien n'était... On bascule dans le fantastique comme si l'on entrait dans une nouvelle boulangerie. Ce n'est jamais si prégnant que dans 

Ombre a purgé sa peine. Il a même gagné un jour sur son temps. Il s'en serait bien passé, sa femme vient de mourir.
C'est à ce moment là de sa peine, la vraie, qu' Ombre est abordé par Voyageur. Qui est Voyageur ? Un escroc professionnel ? Un magicien ? Une divinité ? Un peu tout cela à la fois. Ombre va devenir l'homme de Voyageur dans la guerre qui se profile entre les anciens dieux et les nouveaux de la consommation et d'internet...

Roh les aminches, que voilà un foutu bouquin ! Neil imagine un choc des titans entre dieux des cultes anciens et les nouvelles divinités technologiques de consommation effrénée  Les a pas nommées Nike ou Apple mais c'est l'idée. 

Ombre, colosse impassible assiste à ces péripéties incroyables, ces rencontres improbables avec Horus par exemple ou bien encore un Leprechaun, avec une placidité confondante. 

Gaiman nous entraîne dans une sarabande crescendo et nous paffe un dénouement surprenant. Bon bouquin, très bon bouquin. 

Le style de Gaiman est simple mais jamais simpliste, il a quelque chose de Stephen King, en ce sens, que plus qu'un écrivain il est surtout un conteur. Il campe des personnages attachants, les définit, les approfondit et nous les fait vivre dans un monde qui ressemble au nôtre mais décalé, comme un meuble Ikéa. Un meuble Ikéa est toujours de guingois  même légèrement. C'est ça l'univers de Neil, de guingois, légèrement ou franchement.

En outre Gaiman parle à notre part d'enfance, plus l'enfant en nous reste présent plus on va apprécier Gaiman. Et l'enfant en nous frémit en lisant 

Un bébé échappe au couteau du Jack qui vient d'assassiner toute sa famille. 

Il se réfugie au cimetière voisin. IL est recueilli par les fantômes, adopté par la famille défunte Owens, le voilà baptisé Nobody Owens et protégé par les spectres et par son tuteur Silas ni mort ni vivant...

Bod va passer une enfance particulière, trépidante mais il ne doit pas baisser sa garde, à l'extérieur le Jack attend de finir sa sinistre besogne...

Ce livre est une pure merveille. Agrémenté de magnifiques dessins, le texte nous réserve des moments épiques, des instants de pure poésie et traduit à merveille cet état de l'enfance où l'on frissonne de frissonner, fais moi peur juste un peu...

L'on suit Bod, on le plaint, on l'encourage, on l'aime. Un Harry Potter puissance dix et j'adore Harry Potter c'est dire....

Sans doute l'un des meilleurs livres pour ado que j'ai lu, et j'en ai lu pas mal. Je vous l'ai dit, l'enfant en moi est encore bien présent. 

Neil Gaiman est un conteur du merveilleux, du fantastique. Ce n'est pas un chroniqueur du quotidien, ou bien ce quotidien part en beignet... Il peut y aller franchement Gaiman et s'il allie à un pote à lui... 


C'est l'arrivée de la fin des temps. L'Apocalypse est proche, et le jugement dernier s'abattra bientôt sur les humains. Ce n'est pas une très bonne nouvelle pour l'ange Aziraphale (qui était l'ange du jardin d'Eden) et le démon Rampa (qui était le serpent qui poussa Ève à la tentation), respectivement représentants de Dieu et de Satan sur Terre, habitués à leur vie douillette et confortable et ayant fini par apprécier l'humanité. Ainsi, puisqu'ils sont amis (bien qu'ils soient censés être opposés), ils décident de travailler ensemble et gardent un œil sur l'Antéchrist, destiné à être le fils d'un important diplomate Américain en Grande-Bretagne, et s'assurent ainsi qu'il grandisse de telle façon qu'il ne puisse jamais simplement décider entre le Bien et le Mal, retardant donc la fin du monde.

Cependant, l'enfant que tout le monde pense être l'Antéchrist est en fait un garçon de 11 ans tout à fait ordinaire. En effet, après un échange à la naissance, le vrai Antéchrist est en fait Adam Young, un garçon charismatique et un peu détaché du monde réel. Bien qu'étant le signe avant-coureur de l'Apocalypse, il a jusque là vécu une vie parfaitement normale, fils d'anglais typiques, et n'a ainsi aucune idée de ses véritables pouvoirs. 

Hilarant !!! 'Tin les aminches, je garde un souvenir ému de mes crises de fou rire  à lecture de ce livre totalement barré mais complètement maîtrisé. Le duo Pratchett / Gaiman fonctionne à plein. La loufoquerie débridée de Terry se fond totalement dans le sens du tempo et de la construction de Neil pour aboutir à ce sommet de dinguerie. Un Monty Python sous acide, bouillonnant d'inventivité. Mon exemple préféré est la malédiction frappant l'un des anges, la musique de son auto radio se transmuant inexorablement en Queen... Doivent pas être fan de la bande de feu Mercury les deux compères. 

Z'avez pas trop le moral ? Z'avez cru voter pour un président de gauche ? C'est pas si génial que ça pour l'instant la saison 4 de GOT ? Lisez DE BEAUX PRESAGES. On devrait pouvoir le prescrire sur ordonnance et se faire rembourser tiens ! 

Ah... Bon... Sir Neil est un touche à tout à l'insolente réussite. L'a ainsi conçu une mini série diffusée sur BBC  : NEVERWHERE avec du beau linge à l’écran : 

Sherlock. Le professeur Xavier jeune et chevelu. Le patron de Carrie "tremblé de menton" Mathison... 
Ce fut un carton, des audiences à faire passer TF1 pour une télévision  paroissiale de la Creuse. L'a bien sûr adapté et a sorti un roman du même nom :


Richard Mayhew vit à Londres une vie sans histoire, travaille dans un bureau, s'apprête à se marier, lorsqu'il sauve la vie de Porte, une jeune fille qui a le don de savoir ouvrir tout ce qui peut s'ouvrir et des portes donnant sur n'importe quel endroit de l'univers auquel elle pense. Cet évènement fait basculer la vie de Richard. Sa fiancée le quitte, ses proches ne le voient plus, sa vie semble n'avoir jamais existé.
Il découvre alors qu'il existe un Londres d'En Bas, souterrain, peuplé de mendiants qui parlent aux rats, et de toute une société féodale et magique. Il décide de suivre Porte à la recherche des assassins de son père, dans l'espoir de trouver un moyen de reprendre une vie normale.


Voilà l'illustration parfaite de ce que j'écrivais tout à l'heure (prenez des notes merdum...), le merveilleux surgit et le quotidien verse soudain dans le WTF improbable. J'ai lu NEWERWHERE il y a fort longtemps mais je me souviens d'un rythme haletant et d'un héros anglais jusqu'au bout des ongles, totalement dépassé par les évènements mais faisant face avec un flegme vacillant. Me donne envie de le relire...

Bon va falloir penser à conclure me susurrent mes nami(e)s qui ont une vie quand même. 

Mais je ne peux décemment pas laisser là Neil Gaiman sans mentionner SANDMAN. 

SANDMAN est une série de contes parfois très différents les uns des autres, qui ont pour seul élément commun un ou plusieurs membres des Éternels, incarnations  du Destin, de la Mort, du Rêve, de la Destruction, du Désespoir, du Désir et du Délire. 

Dream, le Rêve, est le personnage principal, et SANDMAN met en scène moult personnages ou créatures historiques et mythologiques et ce, aussi bien dans leurs époques respectives qu'à l'époque actuelle. 


Gaiman est le scénariste de ces quelques 20 comics. 

Plusieurs dessinateurs se sont succédés pour mettre en crayon les histoires de Gaiman. Et c'est du bon SANDMAN, du très bon. Le grand YOGI des comics, l'ami Cédricounet, grâce lui soit rendue de me fournir en SANDMANIE, dit souvent qu'il emporterait SANDMAN sur une île déserte. Comme je le comprends. L'univers de Sandman est d'une grande richesse et cohérence.

L'univers de Sandman conserve tout au long de la série des caractères très gothiques, en commençant d'une manière très sombre dans PRÉLUDES et NOCTURNES puis s'allégeant parfois avec des détours dans le conte de fée historique, populaire ou imaginaire, versant allègrement dans le fantastique, le merveilleux et la tragédie.

Le style diffère beaucoup d'un album à l'autre, l'on passe des nouvelles aux histoires plus longues avec un SANDMAN omniprésent ou plus en retrait. Le coup de crayon diffère tout autant et  à vrai dire peu importe. Ce qui compte dans SANDMAN avant tout c'est le scénario et les dessinateurs ont l'élégance de se mettre au service de l'imagination et du savoir faire de Gaiman. 

SANDMAN est aussi connu pour sa popularité hors de la sphère habituelle du lectorat de comics, notamment chez le public féminin. Norman Mailer a même décrit la série comme « une bande-dessinée pour intellectuels ».

SANDMAN a sorti le comics de l'ornière légèrement méprisante dans laquelle on tenait les Comics. Nan les comics ne sont pas que des bastons testostéronées de surhommes en collant (et alors ? Où est le mal ?) Les super héros, passage presque obligé de beaucoup de comics américains font seulement dans Sandman quelques apparitions anecdotiques en forme de clin d'œil. 

Voilà. C'est finite. Je pourrais vous parler de CORALINE, STARDUST mais bon, faut que je file. Mais n'oubliez pas, le monde est-il vraiment tel qu'il se montre à nous ? Lisez Gaiman, c'est peut-être aussi un guide de survie, allez savoir...

2 commentaires :

  1. Forcément, maintenant, j'me sens obligé... :
    J't'amène la suite de Sandman vendredi soir, chez l'Bourdette. Et le "Spin-off" sur Death, tiens, parce que t'as bien travaillé.

    D'ailleurs, à ce sujet, juste un petit complément, au passage, si je peux me permettre : http://themightyblog.fr/2014/02/5-titres-ecrits-par-neil-gaiman-a-lire-et-qui-ne-sont-pas-sandman/

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    1. Salutations. Pourrait pas être là chez notre ami hobbit vendredi soir... Snif... Soyez sage et mes amitiés au grand maître de l"univers connu (pour l'inconnu ce n'est qu'une question de temps) Herlock.... Mais pour Death et Sandman, j'suis preneur...

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