mardi 22 avril 2014

... J'ai le moral à zéro.


Bonjour les filles. Bon vous commencez à me connaître un peu maintenant. Vous subodorez que mon antiaméricanisme bas de plafond est un peu trop primaire pour être totalement sincère. Difficile de se gausser d'un état d'esprit censément étazunien quand on se régale de séries américaines, de films américains, de musique américaine et de littérature du même pays.

C'est vrai que c'est pas toujours propre la politique américaine, ça déborde et tache le lino... Par exemple, la garde nationale qui a ouvert le feu à 67 reprises en 13 secondes sur des étudiants manifestant pacifiquement contre l'extension de la guerre du Vietnam au Cambodge voisin. Kent State University,  le 4 mai 1970,  quatre tués, et neuf blessés (dont un paralysé à vie). 

Dans la foulée : 


Nous on a HEXAGONE. Et combien de films brûlots sur la guerre d'Algérie comparés au films dossiers et à charge sur le Vietnam (toutes qualités intrinsèques mises à part)

La Kent State University se situe dans l'état de l'Ohio. Patrie des Amish, des grands champs désolés : 


Et du poids de la religion et des ses prêcheurs itinérants, montés sur ressort et passablement excités...

C'est en Ohio que Donald Ray Pollock...

Bonjour Monsieur.
... A situé l'action de son formidable roman 


De l'Ohio à la Virginie-Occidentale, de 1945 à 1965, des destins se mêlent et s'entrechoquent : un rescapé de l'enfer du Pacifique, traumatisé et prêt à tout pour sauver sa femme malade ; un couple qui joue à piéger les auto-stoppeurs ; un prédicateur et un musicien en fauteuil roulant qui vont de ville en ville, fuyant la loi…

Ce roman est monstrueux. Cette fatalité poisseuse qui accompagne les protagonistes, qui ne les lâche pas se lie à la notre qui nous pousse à tourner les pages avidement. 

Ce récit ramassé et tendu, diaboliquement orchestré, va inexorablement lancer les personnages les uns vers les autres. Un pasteur obsédé par les adolescentes, un fils grandi trop vite et dur comme l'adamantium, un shérif sans morale... La collision va faire mal. 

Le roman nous est vendu comme policier. Pourquoi pas ? De l’inéluctabilité de l'étiquetage... C'est avant tout une oeuvre au noir. A la Soulages. Une infinie variété de noir. Nan ce n'est pas "Noir c'est noir", c'est bien plus que ça. 

Et le style les aminches. Quelle merveille. Sans effet, sans clin d’œil, sans "tin qu'est ce que j'écris bien quand même rahh lovely !!!". Efficace, désossé mais charnu voire charnel. L'écriture de Pollock permet d'incarner puissamment les héros et d'illustrer l'adage "peu importent les cartes tirées si le jeu est truqué à l'origine".

Tentez Mesdamessieurs cette oeuvre décapante non dénuée d'empathie. C'est là l'autre tour de force de Pollock, il ne juge pas, il nous fait même éprouver de la compassion pour ses personnages, même les plus impardonnables.

Ça claque les filles ! Ça claque vraiment !!

2 commentaires :

  1. Maaac ! Ton site est EXTRAAA !!! J'me marre bien et je vais m'en inspirer pour mes prochaines lectures .. Merci ! Sylvie de Gwen

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. coucou Sylvie. Content que tu t'y plaise, c'est cool. je suis ravi de ta visite. n'hésite pas à revenir, t'installer, commenter. et bonnes lectures surtout :>)

      Supprimer