mardi 28 janvier 2014

Aujourd'hui dans notre émission "Causeries au coin du feu entre personnes du même milieu qui pensent la même chose", nous parlerons du 252° livre de : 

Je me demande si je peux atteindre le néon avec mon chapeau...
Sans oublier le magnifique "Tiens si on parlait de moi, il y avait longtemps " de : 


SSSTTTTTTTTTTTTTTTTTOOOOOOOOOOOOOOOOOPPPPPPPPPPPPP !!

J'aime pas la littérature française j'ai dit. Bon c'est sans compter la leçon n°4


Leçon primordiale pour maintenir un blog à un tel niveau d'excellence !

Donc z'aujourd'hui le cas Carrère. Emmanuel Carrère. J'aime Emmanuel Carrère. Seule la certitude profondément ancrée dans chaque brin d'ADN de mon hétérosexualité débridée m'empêche de déclarer une flamme langoureuse à Emmanuel Carrère.

Emmanuel Carrere est un écrivain français qui a écrit quelques beaux romans. 


La classe de neige commence mal pour Nicolas. Déjà, son père n'a pas voulu le laisser monter dans le car avec les autres et a tenu à le conduire en personne au chalet, histoire qu'il se fasse bien remarquer. 
En plus, Nicolas n'est pas du genre à s'intégrer facilement. Or, arrivés la veille, les autres ont déjà pris leurs marques,  rien de tel pour qu'il se sente encore un peu plus en retrait. 
Mais surtout, il a oublié son sac dans le coffre de la voiture de son père, et c'est le début de la torture : sûr que les autres enfants vont se moquer de lui, sûr qu'il fera pipi au lit dans un pyjama qui ne lui appartient pas, sûr que Hodkann, le chef des enfants, va en faire son souffre-douleur. 
Les terreurs enfantines ainsi lancées ne cesseront plus et les questions non plus : le père, qui ne rapporte pas le sac, René le petit garçon disparu et les adultes qui chuchotent...








Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou ? Voudrait-on vous le faire croire ? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens ?






Je n'ai lu que ces deux romans de pure fiction dans l'oeuvre de Manu. Emmanuel Carrère excelle dans le malaise. Il installe peu à peu une ambiance de folie douce qui devient dure comme le diamant (surtout dans LA MOUSTACHE).
Mais si j'ai beaucoup aimé ces deux romans. Je préfère ses écrits autobiographiques. Emmanuel Carrère n'est jamais aussi bon que quand il par(le)t de lui.

"- Ahem... Pardonnez mon intervention Ô votre Splendeur magnifique que Thor, Iron Man ou n'importe quel autre Vengeur c'est rien qu'un pédalo à côté... mais si j'osais..?
- Et bien, jeune vermisseau, Parle !
- Je me demandais, juste comme ça en passant, votre Majesté sub-atomique, mais ce n'est pas vous qui disiez que les écrivains qui parlent de leur vie perso et de leurs pensées intimes, je vous cite : "Vous ratatinent sévère les rouleaux de printemps !!" ?
- Certes jeune Page mais vois-tu...
- Et n'était ce pas vous qui promettiez un usage intensif et continu du pal à celui  qui livrerait ses états d'âme en lettres d'imprimerie ? Et où est passé Kevin au fait ? Ô votre Soleil astral éclairez moi, je ne peux oser imaginer que vous puissi..."


Embrasse Kevin quand tu le verras !

Ahem... Ou en étais-je ? Ah oui Emmanuel Carrère. Je préfère Emmanuel quand il aborde sa propre vie. Et oui c'est un sacré paradoxe... Je préfère le romanesque habituellement. L'intime ce n'est pas mon mug de camomille. Par exemple, j'ai essayé : 





Conseillé par une très chère amie de moi. Mais nan pas moyen, ça me tombait des mains. Pourtant bien écrit, intéressant en plus... Mais voilà, je m'en fous. C'est triste à dire et à lire.


Mais quand c'est Emmanuel Carrère qui s'y colle, il m'englue, me passionne. 

C'est ainsi que nous abordons ce que nous appelons, enfin surtout moi, la superbe tétralogie : 



L’histoire est empruntée à un fait divers terrible, sur lequel Carrère a d’ailleurs écrit en tant que journaliste dans Le Nouvel Observateur. En 1993, Jean-Claude Romand tue sa femme, ses deux enfants et ses propres parents, avant de rater son suicide. Les enquêteurs découvrent alors que Romand a construit sa vie sur un mensonge incroyable : il se fait passer pour un brillant médecin travaillant pour l’OMS à Genève, et tout le monde autour de lui le croit à son bureau ou en déplacement alors qu’il erre sur les parkings ou dans les forêts, lisant des revues spécialisés (il avait réellement commencé des études de médecine, mais ne s’est jamais présenté aux examens) pour nourrir son identité fictive. 
Carrère, fasciné par l’histoire, la raconte dans un récit qui est une sorte de biographie du personnage de Romand, mais une biographie qui ressemble à un roman et qui emprunte en même temps aux écrits autobiographiques, puisque Carrère met en scène son désir d’écrire le livre, et inclut dans son récit des extraits de sa correspondance avec Romand.


"La folie et l'horreur ont obsédé ma vie. Les livres que j'ai écrits ne parlent de rien d'autre. Après L'ADVERSAIRE, je n'en pouvais plus. J'ai voulu y échapper. J'ai cru y échapper en aimant une femme et en menant une enquête. L'enquête portait sur mon grand-père maternel, qui après une vie tragique a disparu à l'automne 1944 et, très probablement, été exécuté pour faits de collaboration. C'est le secret de ma mère, le fantôme qui hante notre famille. Pour exorciser ce fantôme, j'ai suivi des chemins hasardeux. Ils m'ont entraîné jusqu'à une petite ville perdue de la province russe où je suis resté longtemps, aux aguets, à attendre qu'il arrive quelque chose. Et quelque chose est arrivé : un crime atroce. La folie et l'horreur me rattrapaient. Elles m'ont rattrapé, en même temps, dans ma vie amoureuse. J'ai écrit pour la femme que j'aimais une histoire érotique qui devait faire effraction dans le réel, et le réel a déjoué mes plans. Il nous a précipités dans un cauchemar qui ressemblait aux pires de mes livres et qui a dévasté nos vies et notre amour. C'est de cela qu'il est question ici : des scénarios que nous élaborons pour maîtriser le réel et de la façon terrible dont le réel s'y prend pour nous répondre."


Au départ, D'autres vies que la mienne est le fruit d'une triste coïncidence: en décembre 2004, l'auteur de La classe de neige et sa compagne, Hélène, partagèrent le quotidien, au Sri Lanka, d'un couple qui venait de perdre sa fille, lors du tsunami. Elle s'appelait Juliette, comme la soeur d'Hélène, qui succomba à un cancer quelques mois plus tard. Maman de trois filles, elle officiait en tant que juge dans l'Isère. Emmanuel Carrère fait alors la connaissance d'Etienne, un collègue et ami proche de Juliette, qui travaillait avec elle sur les dossiers de surendettement. Ces deux magistrats, si proches l'un de l'autre, avaient pour point commun d'avoir eu à surmonter un cancer, à l'adolescence, qui leur a valu tous deux de devenir boiteux (amputé d'une jambe, en ce qui concerne le magistrat). L'écrivain s'est alors senti investi d'une mission: "J'ai repensé à ce qu'Etienne nous avait raconté et l'idée m'est venue de le raconter à mon tour. [...]. On m'avait passé une commande [...]. Je m'exaltais à l'idée d'un récit bref, quelque chose qui se lirait en deux heures, le temps que nous avions passé chez Etienne, et qui ferait partager l'émotion que j'avais ressentie en l'écoutant."



Moscou 2007. Emmanuel Carrère part enquêter pour l'(excellente) revue XXI sur Anna Politkovskaïa, la journaliste abattue au pied de son immeuble moscovite après s'être intéressée de trop près aux exactions russes en Tchétchénie. L'écrivain français assiste à la cérémonie de commémoration des victimes de l'intervention des forces spéciales dans le théâtre de la Doubrovka où des terroristes tchétchènes avaient pris le public en otage, en octobre 2002. Dans la foule, il repère Edouard Limonov. Cet homme est le héros de son nouveau récit. 
Edouard qui ? Edouard Veniaminovitch Savenko (68 ans), alias Edouard Limonov (de limon, le citron en français, et de limonka, la grenade), la coqueluche de l'intelligentsia française rouge brune des années 1980, celle de l'Idiot international de Jean-Edern Hallier. Le Russe - en fait Ukrainien - y a colonnes ouvertes, ainsi qu'au quotidien communiste L'Humanité et au magazine d'extrême droite Le Choc du mois. A Paris, l'auteur de Le poète russe préfère les grands nègres, sulfureux récit de sa propre dérive urbaine dans le New York des années 1970, entre expédients et expériences sexuelles en tous genres, est accueilli comme un délicieux barbare. Ce "Barry Lyndon soviétique", selon Carrère, aime la bagarre et plaît aux filles (et aux hommes). Côté prose, il est l'anti-Nabokov et le revendique. "Je ne courrai jamais après les papillons dans les prairies suisses, sur des jambes anglophones et poilues." A une époque où les dissidents soviétiques étaient des "barbus graves et mal habillés", ce "type sexy, rusé, marrant, qui avait l'air à la fois d'un marin en bordée et d'une rock star" tranchait. Puis les choses se gâtent. L'insistance de ce dissident punk, débarquant au Palace en uniforme de l'Armée rouge, à regretter la chute du communisme et à réclamer le poteau d'exécution pour Gorbatchev ; ses apparitions aux côtés des Serbes durant le conflit en ex-Yougoslavie, enfin, la création du Parti national-bolchévique réclamant en guise de programme politique le retour de Staline, de Béria et du goulag le disqualifient. 

Ces quatre livres sont de grands, très grands livres. Bien sûr UN ROMAN RUSSE et D'AUTRES VIES QUE LA MIENNE sont plus autobiographiques et se répondent. Parfois, on constate la grandeur des oeuvres à ce qu'elles auraient pu être et ne sont pas : des sommets de pathos, de clichés et de complaisances. Emmanuel évite tout cela, en prend même le contre pied et nous livre des récits bouleversants. 

L'ADVERSAIRE est plus glaçant. Souvent comparé à DE SANG FROID de Truman Capote (il y a pire comparaison), ce livre tient plus du journal de bord que du récit sec et décharné. Une oeuvre hallucinante qui illustre parfaitement l'adage de la réalité faisant la nique à la fiction...

Enfin LIMONOV nous montre tout ce que Emmanuel Carrère n'est pas : un trublion, un extrémiste, un fasciste. Mais Carrère envie Limonov en ce qu'il invente sa vie, la crée de toutes pièces et c'est fascinant à lire. Nous aussi, on passe de la séduction à la répulsion. Fort, très fort. 

Voilà, je conclue (enfin) mon post. Mais bon j'adore Emmanuel...

"- Moi aussi votre Seigneurie !"




'Tin de stagiaires !!

7 commentaires :

  1. Ah ben tiens, j'ai toujours eu peur que ce soit chiant.
    Faudra que j'essaie un jour, quand j'aurai fini ce petit souci avec les intégrales diverses Zé variées...
    Sinon, machin, là, je veux même pas dire son nom tellement j'ai peur de me salir les doigts : jamais lu.
    Nothomb : si, plein. J'avoue que ses premiers bouquins m'avaient scotchée. Au tout début début. Puis bon, c'est un peu rempli de vide maintenant.
    Delphine de Truc : rah mais ça me fait pas envie du tout du tout ! c'est pas comme un mauvais téléfilm de M6 de la bonne époque ??

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    1. nan le bouquin de Delphine de Vigan est bien dans le genre mais son histoire de famille ne m'accroche pas du tout... pas mon truc mais on est quand même loin d'un téléfilm de M6 Ou des feux de l'amour (c'est un exemple, aucune attaque personnelle). :p

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  2. tiens, et sinon, spa pour me plaindre de blogspot, mais quand tu réponds aux messages, par hasard, y a pas moyen que, par hasard, la personne à qui tu réponds reçoive, par hasard, une notification dans sa boîte mail, par hasard ?? hum ???

    (f)

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    1. Coucou So. C'est pas pour dire mais si tu veux un émoticone, faut mettre un espace avant le code. Ben sinon pour ton histoire de mail. Vais voir... Mais je ne crois pas...

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    2. ha ben si... Dis moi si ça a marché... :-?

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    3. Ca a marché.
      Ca marche même.
      Ca m'agace un peu, d'ailleurs, je vais finir par ne plus rien avoir à reprocher à blogspot...
      Tsss...

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