dimanche 6 mai 2018


"Je ne suis pas lui."

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Viele Grüße (enfin je crois) les aminches.

Bienvenue à Berlin. 

Ach... Berlin. Ville qui traîne, ailleurs qu'à Berlin je suppose, un fumet de guerre froide, de gris amer, de "on ne doit pas se marrer tous les jours". Parfum bien trompeur puisque Berlin est l'une des villes les plus clubbeuses d'Europe. 

Ce n'est pas pour ses boite de nuits et autres lieux de perdition que nous parlerons d'elle dans ce post. 

Berlin est aussi le lieu où se déroule l'épatante série d'espionnage futuriste 



Employé de bas-étage dans l'antenne berlinoise de l’ONU, Howard Silk se lamente de sa vie, bloqué à un poste absurde depuis 30 ans et sa femme dans le coma. 

Un jour, il découvre la vérité sur son poste : sous le bâtiment où il travaille se trouve un portail vers une réalité alternative, créé suite à une expérience scientifique pendant la Guerre froide. 

En se retrouvant face à son double, agent de terrain chevronné et sans pitié, Silk se met à reconsidérer ses choix passés et s'interroger sur son identité.

COUNTERPART assume sans complexe son statut de nouveauté la plus excitante du moment (pour l'instant) et qui confirme ce nouveau paradigme : les séries de qualité se trouvent sur des diffuseurs moins meanstream que les mastodontes télévisuels qui Shondrarimes, JJabramise, à tour de steadycam, les mêmes vieilles recettes refroidies. 

Starz (qui nous avait déjà offert BLACK SAILS, donc... En confiance...) nous propose donc une série d'espionnage alliée à un récit plus attendu sur deux mondes parallèle. 

Alors... Oui. Commençons par là. Pour celles et ceux qui l'ont vu, cela a un petit côté FRINGE. En plus ambitieux, moins pop, plus ombre. Meilleur à vrai dire et j'aime bien FRINGE (si l'on oublie la cinquième et dernière saison, calamiteuse)

Deux mondes parallèles. Soit. On peut être à peu près sur que l'un des deux s'en sort moins bien que l'autre, que celui qui a morflé constate avec envie que son reflet dans le miroir, le monde d'en face, de l'autre côté du trou du lapin, ça va bien pour lui, merci. L'envie se mue en rancœur, la rancœur en doute, le doute en certitude accusatoire : l'univers A qui n'a pas subi le cataclysme est directement responsable de celui qui a déferlé sur l'univers B. Et bien souvent, l'univers B a raison. 

L'évolution entre les deux univers a été semblable, jusqu'à ce que, à la fin des années 1990, une épidémie de grippe décime 7 % de la population mondiale dans l'univers B. ce dernier se tourne alors vers l'univers A et constate, avec étonnement et suspicion, que l'épidémie ne s'est pas produite chez eux.

Nous suivons, avec délice, les manigances, les manipulations, l’infiltration d'agents dormants, bref... la panoplie complète de l'espionnite paranoïaque Est-Ouest, sauf qu'il n'y a pas deux blocs antagonistes mais deux dimensions. 

La réalisation est léchée. Le scénario affûté, malin, est un brin prévisible, attendu. Les univers parallèles, c'est un peu comme le post apocalyptique, on tombe fatalement, un moment ou l'autre, sur les mêmes schémas. 

Néanmoins, on peut compter sur son acteur principal pour déborder des schémas, les défoncer dans les grandes longueurs


JK Simmons fut oscarisé pour son second rôle dans le film WISHPLASH, où il joue le rôle d'un chef d'orchestre de jazz tyrannique. Je n'aime pas le jazz mais son jeu magnétique m'avait déjà happé. On l'aperçut aussi dans la série OZ (extraordinaire série, peu connue, étrangement, en nos contrées) où il cabotinait avec talent un chef de gang aryen immonde.

Bref, JK n'est pas le premier pingouin de l'iceberg. Et là, il trouve le rôle fantasme XXXL, deux rôles, deux caractères aussi différents qu'on puisse l'imaginer. Un petit fonctionnaire timoré, effacé et gentil (dans le vrai sens du terme, débarrassé de cette synonymie d'abruti léger) et un mec froid, implacable et calculateur, sûr de lui (à la limite de l'arrogance), qui peut tuer comme nous acheter du pain. 

On tremble à l'idée de ce que Ben Affleck (au hasard, ahem...) aurait pu ne pas faire de ce rôle. JK, lui, ouch, dans la posture, dans la démarche, dans la façon de parler... distingue les deux Howard Silk instantanément. On sait qui est qui même si ils sont vêtus des mêmes vêtements.

Du grand art. Vraiment. 

Bien évidemment, l'un va prendre la place de l'autre. Ce qui donne l'occasion à JK de rapprocher les deux Howard, sans les confondre totalement. Ce début de jonction, cette attirance mutuelle pour ce que l'autre a, ce questionnement sur comment, avec la même situation de départ, la même éducation, on aboutit à des êtres totalement séparés ; voir JK Simmons l'incarner, ça a quelque chose de fascinant, les aminches. 

Alors, bien sûr, il a tendance à boulotter l'espace JK. Cependant, l'intrigue millimétrée , le reste du casting, qui assure aussi le teck avec beaucoup de métier, suffiraient déjà à notre bonheur. 


JK Simmons fait basculer COUNTERPART dans l'excellence. 

Il y a une scène dans l'épisode 8 (il me semble) où les deux Howard se font face et se balancent leur vérité à la face. Cette confrontation entre un acteur et lui même, c'est... C'est à voir les filles.

Rien que pour lui, faites moi confiance.

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