mardi 27 mars 2018


"Toutes ces choses que j'ai faites. Les souvenirs; ils ne m'atteignent pas. Mais le passé, c'est pas juste des souvenirs. Non, c'est le diable à qui tu vend ton âme. Il arrive. Il arrive pour la récolte."

***

Hell(o) les aminches.

Les infections que l'on combat avec des antibiotiques ont deux choses de bien : 

- Cela te laisse du temps pour visionner une série en mode binge watching.
- Tu ne peux pas choper la gerbe, tu l'as déjà...

Bon alors ce Pupu, a-t-il rehaussé les supersloubs Netflixiens, s'enfonçant irrémédiablement dans le bâillement poli depuis quelque temps ?


Hanté par l'assassinat de sa famille, l'ancien Marines Frank Castle devient un justicier connu dans le milieu criminel comme le Punisher, qui vise à venger le meurtre de sa famille par tous les moyens nécessaires. 

Tous les moyens nécessaires ne s'entendant pas par le dialogue raisonné ou une bonne partie de crapette. 

The  Punisher.

Le mec qui relègue Dirty Harry à un danseur de tango mou de la rotule. Le gars qui bouffe de la cartouche, qui pense chargeurs, qui a des rêves de treillis et de culasses graissées.

Charles Bronson en plus viril, moins la moustache. 

Bon... Je ne suis guère friand de ces vigilantes armés, adepte de l'auto défense burnée, "moi je pose mes cou...des sur la table". Le virilisme macho bas du front.

Reconnaissons à Netflix de nous proposer un Frank Castle un peu plus ambigu, plus complexe.

Bien aidé par une interprétation impeccable d'un Jon Bernthal...


... Surprenant en simili Bébel, touchant et rageur, psychopathe et brisé... Il s'extrait du faf machiste du comics, cherchant la mort, pas certain d'avoir le droit de continuer à vivre. Une sorte de Martin Riggs surarmé et moins rigolo. 

THE PUNISHER ne se prive pas de jouer sur l’ambiguïté, du moins dans sa première moitié. Le pilote est même une touffue réussite, prenant son temps, nous montrant un homme totalement brisé et une acmé de violence finale en fin d’épisode, sèche et brutale quelque chose de bien.

Après, THE PUNISHER est plus moumounisher sur quelques épisodes, jusqu'à sa rencontre avec son partenaire : 


Ebon Moss-Bachrach, très juste dans le rôle de David Lieberman, le geek, allié du couillu, mais que Netflix ne renvoie pas au rôle de faire valoir miteux, esquivant les failles redondantes des précédentes livrées. Le duo fonctionne, buddy movie presque émouvant, parfois drôle.

Pour ceriser le cake, Castle a fort à faire face à un adversaire de taille (dont je ne dirai rien pour ne point déflorer une possible surprise) bien amené et bien campé.

THE PUNISHER embrasse aussi, pas toujours finement mais bon, le stress post traumatique des anciens combattants, laissés à eux-même, que l'on traite comme des merdes une fois leur service effectué...

Alors..?

Où est le mais..?

C'est que les filles, outre le travers récurrent (à l'exception notable de JESSICA JONES et pour cause) de personnages féminins un poil sacrifiés, je ne suis pas arrivé à faire totalement abstraction de la violence parfois invraisemblable de la série. 

Sur ces derniers épisodes, Jon Bernthal offre avec une constance remarquable son corps saillant aux coups, armes blanches et tortures diverses. Sa récupération est proprement phénoménale, une intraveineuse, un Benco, et vamos à la baston. C'est un brin répétitif.

Une série qui jusque là installait une sorte de langueur étrange, presque cotonneuse avant une explosion guerrière fulgurante bascule dans un trip sado glauque pas toujours convaincant.

En outre, à rebours d'un contexte étasunien sensible, THE PUNISHER fait montre d'une fascination pour les armes à feu jamais démentie. Elle se permet même de tourner en ridicule un sénateur (forcément démocrate, libéral foireux) qui prône une réglementation plus musclée mais qui, le moment venu, sera trop heureux de serrer dans sa pogne un providentiel Beretta profilé. Le gnagnagna républicain de rigueur.

Ok... Je sais bien que THE PUNISHER (à l'instar de WALKING DEAD) n'est pas là pour prôner une éradication de la NRA. Elle aurait peut-être pu nous éviter ce message pas si ambigu pour le coup.

Cependant...

Bernthal remarquable.

Des scènes d'actions millimétrées, la traque dans les bois en vision subjective, excellente.

Quelques épisodes inventifs, notamment celui où l'on voit l'attaque dans un hôtel de luxe, montrée à travers les yeux de chaque protagoniste, renversant.

Pour toutes ces raisons, on ne peut que souligner la réussite de THE PUNISHER. 

C'est peut-être la force de cette série finalement.

Cet inconfort, cette zone grise... Malgré le fait que l'on doute un peu de ses intentions, on se laisse prendre, happer.


Et puis...

Bon...

Ça envoie du bois quand même.

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