vendredi 30 mars 2018


"Personne ne vit éternellement. Enfin, presque personne..."

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Bien le bonjour les aminches. 

Nous vivons dans un monde de sollicitations. Même si nous nous efforçons de s'en abstraire, nous baignons dans cet univers d'injonctions. 

Voilà pourquoi, certain(e)s s'escriment sur un tapis de course, parce que la bedaine n'est pas tendance, parce que s'entendre dire "tient, tu portes une banane sous ton tee-shirt" ce n'est pas cool. Je n'ai pas de banane, j'ai une besace. Non, pas un sac à main, une besace.

Entouré(e)s d'affiches promotionnelles, de bandes annonces, nous sommes persuadés que l'abdo doit être saillant, tourné vers l'intérieur. L'abdominal rebondi n'existe pas, ça s'appelle une brioche.

Mais si nous pouvions choisir notre enveloppe corporelle hum..?

Ce serait la faillite assurée des salles de sport et des justaucorps flashy.


Dans un lointain futur, les humains peuvent transférer leur esprit d'un corps à l'autre à l'aide d'une pile implantée dans la nuque, au dessus de la colonne vertébrale.

Un ancien rebelle, "criminel de guerre", Takeshi Kovacs, est ramené à la vie, 250 ans après sa mort. 


Il est chargé de résoudre le meurtre vicieux de l'homme le plus riche du monde, en échange de sa liberté. 

Pour y parvenir il devra trouver des alliés, faire attention à tous les détails et se souvenir de ce qui lui a été appris en tant que "corps diplomatique"/"diplo".

Bon, ALTERED CARBON n'explore pas suffisamment la thématique de la ruine prochaine du fitness organisé mais ne se prive pas d'embrasser quantité d'autres thèmes bien pointus.

Le cyberpunk bien juteux les aminches, bien cossu. Je témoignais, il y a peu, du budget conséquent de STAR TREK DISCOVERY, mais ALTERED CARBON explose la jauge. 

Comme me le faisait remarquer poto velu, il n'y a pas de plan de coupe, pas une seule scène réutilisée. On est dans dans du luxueux. 

Des bas fonds de la ville crapoteuse...



... Aux cités dans les nuages...



... Demeures des Maths (pour Mathusalem et non pour accrocs du boulier), on est bluffé par la richesse des décors, le soin apporté aux détails. On a sorti le chéquier et cassé du PEL !

ALTERED CARBON se veut une fable, une enquête policière à la roman noir, une série d'action velue, le tout emballé dans une thématique Game'z'oftronnienne que l'on balance à chaque fois que des scène de fesses et des kikous pansus balancent aussi.

Faisant indéniablement penser à BLADE RUNNER (un peu trop pour son bien), ALTERED CARBON ne gagne pas sur tous les tableaux mais suffisamment pour nous satisfaire. 

Joel Kinnaman, jadis élancé et longiligne, a entendu l'appel sourd de la salle de sport (on y revient toujours) et répondu au cri d'amour de la fonte : 



L'abdo salllant il checke le père Joel (pardon...) et il est généreux dans l'abdo. C'est bien simple, on a l'impression qu'il enlève son maillot de corps à chaque fois qu'il se sent en difficulté dans son jeu. Il l'enlève souvent.

C'est que Kinnaman n'est pas Harrison Ford ni Ryan Gosling. Il lui manque ce quelque chose qui fait glisser de l'impassibilité à l'intense sobriété. 

Il est, de fait, un peu limité et n'emporte pas totalement l'adhésion si ce n'est par un physique imposant. Il est carrément crédible quand il brise des rotule et concasse des avant bras. Les scènes de baston de ALTERED CARBON, à de rares exceptions, n'ont rien à envier aux blockbuster hollywoodien moyen. 

Dans son rôle de Takeshi Kovacs, il est chargé de démêler la presque mort de Laurens Bancroft, richissississime, vieux de plusieurs centaines d'existences, ultra blindé. Bill Gates est un garçon de course à côté, Mark Zuckerberg un livreur de pizza. 

Ah oui, la vie dans un corps ciselé, le remplacement de la pile, le téléchargement des données, sauvegarde effectuée toutes les 48 h, n'est à la portée de toutes les bourses. 


James Purefoy prête son arrogance naturelle à Bancroft. L'a l'air très content de lui James. Il interprète à la perfection ce nanab qui philosophe à bon compte, flottant au dessus des contingences bassement matérielles qui nous occupent pauvre mortels. 

C'est le règne des ultras privilégiés. Ce que combattait Takeshi Kovacs dans son existence ancienne, comme diplo, renégat à l'ordre établi, combattant le système des piles, l’immortalité promise destructrice de l'ultime égalité, celle devant la mort.

C'est l'idée en tout cas. Ce que nous explicite une voix off un brin sentencieuse. ALTERED CARBON cherche à dépasser son côté action movie bourrin bling bling en se souhaitant profonde mais... Argh... On n'y est pas tout à fait, n'est pas BLADE RUNNER qui veut. 

Secondés par l'agent de police Ortega...



... Martha Higareda, pas mal et par Poe, intelligence artificielle hôtelière fan de Edgar Allan, l'un des persos les plus aboutis...



... Chris Conner convaincant. 

Takeshi Kovacs s'enfonce dans une enquête sombre, Raymond Chandler mâtiné de cyber punk. 

C'est le pan le plus convaincant de la série, ce scénario policier se mêlant inextricablement au passé de Kovacs, la chute des diplos. 

OK.

Je fais un poil mon casse coude.

ALTERED CARBON se boulotte allègrement.

C'est ce que l'on demande aussi à une série, pas vrai, nous donner envie de voir l'épisode suivant et la saison d'après. 

Sur ce plan là, mission amplement réussie.



Néanmoins...

On ne peut s'empêcher de penser qu'on a vu une bonne série mais qu'on a failli voir autre chose. Plus rare. 

Allez.

Une série propre et carrée. C'est pas si mal.

Comme Joel. 

Surtout pour le côté carré.

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